La cour constitutionnelle a rendu deux décisions sur un recours contre la mort de l’étudiant Eloi Dogo brûlé vif à Parakou après avoir été confondu à un malfrat.
Au Bénin, trois citoyens ont adressé un recours à la cour constitutionnelle pour réclamer justice pour l’étudiant brûlé vif par une foule surexcitée à Parakou. Dans leurs recours, les trois citoyens affirment qu’après le drame, les images et les vidéos qui ont été publiées montrent la présence des « policiers à côté du jeune Eloi Dogo impuissant et attendant être victime de la justice à feu, de l’allumette ». Les requérants estiment que la police a failli à sa mission de « gardien du maintien de l’ordre et de sécurité des personnes et des biens ».
Un recours contre la police républicaine
Pour les trois citoyens béninois, cet acte posé par la police est en violation de l’article 8 de la constitution du 11 décembre 1990 qui consacre « la sacralité et l’inviolabilité de la personne humaine ». Ils justifient leur position en ajoutant dans leur recours que l’article 35 de la même Constitution « dispose en d’autres termes que tout agent de l’État doit agir avec probité dans le respect du bien public et de l’intérêt général et qu’en agissant tel qu’ils l’ont fait, les autorités policières de la ville ont choisi transgresser cette disposition ».
Les trois plaignants ont aussi évoqué dans leur requête les articles 4 et 5 de la charte africaine des droits de l’Homme et des Peuples qui affirment que « la personne humaine est inviolable ». En se basant sur les articles susmentionnés, les trois citoyens béninois demandent à la haute juridiction du Bénin, présidée par Joseph Djogbenou de « dire et juger que les autorités policières de la ville de Parakou ont violé la constitution et la charte africaine des droits de l’homme et des peuples ».
Le chef du quartier Gbira jugé coupable de violation
Après étude des recours, la cour constitutionnelle par DCC 22-159 du 28 avril 2022 a jugé l’acte de vindicte populaire dont la victime a été objet, contraire à la constitution. Par contre, les sages de la cour constitutionnelle ont estimé que la police accusée d’avoir failli à sa mission de protection du citoyen n’a pas violé la Constitution.
La même décision de la cour juge coupable de violation de l’article 35 de la Constitution, le chef du quartier Gbira dans le 3è arrondissement de Parakou à qui il est reproché d’avoir livré la victime aux populations en s’abstenant de le soustraire à la justice privée alors que ce dernier a été conduit à son domicile par ceux qui l’accusaient.
Evoquant l’article 35 de la constitution, la cour précise que « les citoyens chargés d’une fonction publique ou élus à une fonction politique ont le devoir de l’accomplir avec conscience, compétence, probité, dévouement et loyauté dans l’intérêt et le respect du bien commun«.
L’étudiant Eloi Dogo confondu à un malfrat
Confondu à un braqueur, Éloi Dogo, étudiant à l’université de Parakou a été tué par une population en furie qui ne lui a pas donné le temps de pouvoir s’expliquer au moment des faits. Le drame s’est produit dans la nuit du mercredi 20 au jeudi 21 octobre 2021 au quartier Gbira, dans le 3ème arrondissement de Parakou.
Dans cette même affaire, la police républicaine a ouvert une enquête qui a permis l’interpellation de six (06) personnes. Présentés au procureur de la République, les mis en cause ont été par suite déposés à la maison d’arrêt de Parakou où ils séjournent depuis plusieurs semaines.