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“Veux-tu m’épouser?”, la jeune Inaya demande Mathieu en mariage

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En application à l’égalité des sexes, les femmes peuvent aussi prononcer la fameuse phrase “Veux-tu m’épouser?” pour demander leur conjoint en mariage.

Ce soir-là, tout y était: la bague, les couverts chics dans un restaurant romantique, la vue sur la tour Eiffel, et même une carte avec écrit: “Veux-tu m’épouser?” Mais c’est Inaya qui a pris la parole, et Mathieu, son partenaire depuis un an et demi, qui a répondu “oui”. 

“J’ai tout organisé en quinze jours, explique cette psychomotricienne de 28 ans. Je ne voulais pas être dans la position de la femme qui attend. Je me suis dit que Mathieu serait encore aussi content que moi de recevoir la demande, finalement.”

Si le chantier de l’égalité avance au sein des couples, la demande en mariage reste codifiée avec une stricte répartition des rôles: celui de l’homme qui s’est “enfin décidé”, et de la femme qui voit sa patience récompensée.

Ce rituel est pourtant relativement récent. “C’est une invention plus qu’une tradition. La demande en mariage faite aux parents était obligatoire jusque dans les années 30. Après cela, les couples en discutaient entre eux simplement, autant à l’initiative de la femme que de l’homme, rappelle Florence Maillochon, directrice de recherche au CNRS et auteure de La Passion du mariage (éd. Puf).

Le concept d’une mise en scène initiée par l’homme a été importé des États-Unis au tournant des années 2000. Ce qui est surprenant, c’est que cette pratique, qui les met en posture d’attente, a été en grande partie importée par les femmes elles-mêmes.” 

D’anciennes allergiques au mariage sautent le pas

Ce rite américain s’est imposé en France comme une évidence parfois difficile à remettre en question. Quand les femmes font la demande à leur conjoint, les mauvaises langues y voient là l’acte de “désespérées du mariage” qui ne respectent pas les règles du jeu. Au contraire, certaines de ces “femmes à genou” étaient au départ plutôt anti-conformistes et allergiques à l’idée du mariage.  

“Plus jeune, je n’en rêvais pas. Dans ma famille, cela ne rimait pas avec heureux événement, assure Inaya. C’est au cours de l’enterrement d’un proche que j’ai pris conscience de l’importance des cérémonies et rites qui célèbrent des moments de vie particuliers.” 

“Lui faire comprendre que mon engagement dans cette relation était absolu”

C’est aussi contre toute attente que Johanna, alors jeune diplômée de 24 ans, a fait sa demande. “Je suis féministe, et, sans aller jusqu’à penser au mariage comme une forme d’esclavage, je pouvais très bien m’en passer. Tout a changé quand j’ai rencontré un homme plus âgé que moi.” 

Patrick a 42 ans, était déjà divorcé. L’entourage ne misait pas gros sur ce couple que 18 ans séparaient. “C’était quelqu’un d’un peu dépressif et angoissé, il me disait que j’allais le quitter, que je ne tiendrai pas. Je voulais le rassurer, mettre des bonnes ondes autour de nous. Pour lui faire comprendre que mon engagement dans cette relation était absolu, je me suis dit que je pouvais faire ce geste fort, dont je ne voulais pas spécialement à l’origine.” 

Entre le plat de pâtes et la télé, un “veux-tu m’épouser ?”,

Johanna a eu cette idée un matin et s’est lancée le soir même au dîner, “devant un plat de pâtes”, sans cotillons ni grands discours. “Le concept un peu niais où la fille mange un gâteau avec une bague dedans, ça ne me parlait pas du tout!”  

Comme la demande, le mariage s’est fait simplement, avec joie mais sans hystérie: Patrick et Johanna se sont dit “oui” dans une mairie parisienne au mois d’août, avec quinze invités. S’ils ont fini par divorcer après quelques années, elle en garde un bon souvenir“Je trouvais ça beau de le faire pour une raison vraiment personnelle et non parce que cela répond à une convention sociale, confit Johanna. Même si cette union n’a pas été ma plus grande réussite, je suis fière d’avoir fait cette proposition moi-même.” 

Mais parfois, la fierté de l’une fait le complexe de l’autre. Face à une femme à genou, certains hommes perdent pied. “J’ai vu des cas où le fiancé refaisait la demande après pour ne pas se sentir dépossédé de ce rôle, atteste Florence Maillochon. Socialement, l’image de l’homme qui ne peut renoncer à cette mise en infériorité de son épouse perdure, même si, au niveau individuel, on ne le ressent pas forcément comme ça.”  

“Un couple, c’est un peu comme une course d’endurance”

Certaines femmes, elles, redoutent que l’événement ne soit pas à la hauteur de leurs attentes. D’autant plus à une époque où notre vie est en permanence scénarisée sur les réseaux sociaux. “La construction d’une demande en mariage est indissociable du récit qui va être fait. Il y a une volonté d’enregistrement et de partage de cette mise en scène, sur le mode de l’envie et de l’exhibition, souligne Florence Maillochon. Plutôt que de dire ‘on s’est baladé et on a décidé de se marier’, l’image de la bague avec le coucher de soleil a ses avantages… Certaines femmes pensent qu’elles seront plus douées et efficaces que leur partenaire pour faire une belle demande.” 

Pour, Lili, 32 ans, sa demande “se devait être plus exceptionnelle qu’une conversation qu’on avait déjà pu avoir sur le sujet”. Mais ce n’est pas parce qu’elle voulait faire “mieux” que la jeune femme a pris les devants. “À l’époque, mon compagnon cherchait du travail… Je le sentais attendre le fameux ‘bon moment’… Ça pouvait ne jamais arriver! Nous nous aimions sincèrement et voulions passer notre vie ensemble, c’était le plus important à mes yeux. Un couple, c’est un travail à deux, un peu comme une course d’endurance en relais: parfois l’un est ralenti, mais on franchit les étapes ensemble. C’était à moi de lui montrer que j’avais confiance en nous.” 

Pour cela, Lili a oeuvré de mèche avec le grand hôtel sur lequel donnait leur appartement. “Je me suis arrangée avec eux et ai utilisé toutes les vitres de l’avant-dernier étage pour former, avec des feuilles de papier A3, les lettres d’un ‘je t’aime’. Depuis chez nous, je lui ai montré mon message et je lui ai demandé de fêter notre amour ensemble en se mariant. Nous avons pleuré d’émotion.”  

“Un très long chantier de reconstruction des jeux amoureux”

Les amis Facebook de Lili, eux, n’ont pas eu cette chance, vu que la trentenaire n’a rien partagé sur les réseaux, se privant sans doute d’une avalanche de Like. “Il n’y avait personne d’autres que nous et ce message géant sur la façade. Je retournais les codes traditionnels mais il fallait qu’il soit à l’aise avec ça. Ce devait être exceptionnel, mais en toute intimité. ” 

Pour le sociologue Jean-Claude Kaufmann, auteur de L’amour qu’elle n’attendait plus (éd.Hugo Doc), la demande en mariage est l’occasion idéale pour insuffler plus d’égalité entre les sexes, sans vexer personne. “Nous avons commencé un très long chantier de reconstruction des jeux amoureux, avec des démarches partagées… La demande en mariage ouvre une bonne brèche: le couple est déjà installé, l’inversion des rôles peut marcher, surtout si l’on crée quelque chose de nouveau, de ludique ou d’ironique, qui ne met pas l’autre mal à l’aise ni sous pression. Si ça se passe un peu mal, on a toujours la possibilité de faire marche-arrière avec une dose d’humour.” 

“C’est ma façon de lui dire ‘je t’aime'”

Lors d’un repas sans éclat du dimanche, devant la télé, Charline s’est affranchi des codes pour demander à Fabio s’il voulait l’épouser. Mais Fabio, lui, s’est affranchi du mariage tout court: il a dit “non”. “Ses parents se sont mariés sous la pression familiale, il a toujours été allergique au concept.” Au moment de défendre la cause maritale, Charline sèche. “En fait, je n’ai pas d’arguments pour. Je suppose qu’enfant, on nous a tellement rabâché que ce serait ‘le plus beau jour de notre vie’, qu’on a l’impression de rater quelque chose si on ne le fait pas.” Sur le même sujet

Depuis, Charline avoue avoir “fait son deuil” du mariage, pas de Fabio. Ce “non” masculin n’a pas signé l’arrêt de mort du couple. La jeune femme redemande même souvent son amoureux en mariage. “Une fois, je lui ai même demandé dans la salle de bain, rit-elle. C’est ma façon de lui dire ‘je t’aime’, les jours où je l’aime encore plus que d’habitude.” 

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