Présidentielle de 2022 : Emmanuel Macron candidat, à quoi va ressembler sa campagne?
Le locataire de l’Elysée va devoir jongler, sans cesse, entre sa casquette de président, de candidat et de diplomate européen en chef.
Comme tonton. Une fois n’est pas coutume, Emmanuel Macron inscrit ses pas dans ceux de François Mitterrand. Comme le président socialiste en 1988, il s’apprête à mener une campagne éclair pour sa réélection.
Le locataire de l’Élysée a clarifié ses intentions vendredi 4 mars dans une lettre aux Français publiée dans la presse quotidienne régionale. Il lui reste donc à peine un peu plus d′1 mois pour convaincre avant le premier tour. Une dernière ligne droite jalonnée de nombreuses embûches à l’heure où la guerre en Ukraine occupe les esprits. “Bien sûr, je ne pourrai pas mener campagne comme je l’aurais souhaité en raison du contexte” international, a-t-il prévenu dans sa missive.
De fait, le sprint final du candidat Macron sera contraint. Et rares sont ceux dans son entourage à se confier sur la tournure des événements, entre rencontres incertaines et meetings potentiels. Restent, en dépit de nombreuses incertitudes, quelques premières pistes pour une campagne singulière à plusieurs égards.
Président, diplomate et candidat
En guise de premier déplacement, Emmanuel Macron va se rendre, lundi, en fin de journée, à Poissy, en Île-de-France. “L’idée est d’être mis en situation avec des Françaises et des Français qui auront à cœur de poser toutes les questions qu’ils ont envie de poser”, a confirmé le président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand dimanche sur France 3.
L’entourage du candidat avait évoqué en fin de semaine un déplacement sur l’éducation, l’un des thèmes sur lesquels le chef de l’Etat insiste dans sa Lettre aux Français. Contactée dimanche, son équipe de campagne n’en a pas précisé les contours. Emmanuel Macron doit également s’entretenir en début de semaine avec “les acteurs de la société civile” engagés à ses côtés, puis s’adresser en visioconférence aux élus qui l’ont parrainé. Une sorte de revue des effectifs.
Question meetings, les dates du 12 ou 13 mars sont évoquées pour un rassemblement à Marseille. Rien de confirmé à l’heure actuelle, l’entourage du candidat ayant déjà annulé un premier événement de ce type, qui était censé avoir lieu ce samedi 5 dans la cité phocéenne.
Tout le calendrier est en réalité soumis aux soubresauts de l’actualité internationale. Force est de constater que le chef de l’État va devoir jongler sans cesse entre sa casquette de candidat, celle de président et son couvre-chef de diplomate européen (comme président du conseil de l’UE, notamment). “Il fera campagne parce que ce moment est nécessaire pour le pays”, confirmait Stanislas Guérini, le patron des marcheurs, vendredi sur franceinfo, en ajoutant: “mais il le fera dans un contexte où l’actualité internationale nécessite que le président de la République soit plus que jamais président.”
La première semaine du candidat en est la parfaite illustration. Emmanuel Macron devrait enchaîner les rencontres et les déplacements de campagne jusqu’à mercredi, avant de réunir un sommet européen à Versailles, jeudi et vendredi, sur la crise en Ukraine, puis de tenir un potentiel meeting le lendemain à Marseille.
Codes Netflix
Dans ce contexte très incertain, la campagne du chef de l’État promet de faire la part belle à l’expression directe et aux réseaux sociaux. Le président sortant a déjà choisi de feuilletonner les choses dans une mini web-série -aux images léchées et à la musique soignée- baptisée “Le candidat”. Un nouvel épisode sera mis en ligne chaque vendredi à 18 heures, dans lequel il commentera sa propre campagne et ses propositions.
Une nouveauté façon “Netflix” raillée par Jean-Luc Mélenchon sur Twitter, lequel propose le même type de contenu, mais qui aura le mérite pour le président de la République de s’adresser “sans filtre” aux Français dans un rendez-vous hebdomadaire se voulant disruptif. Une façon, aussi, d’imposer le rythme de la campagne à ses adversaires, tout en diversifiant son auditoire.
“Dans les journaux locaux, vous allez parler à un public plus âgé, moins urbain. Dans cette vidéo, vous vous adressez à des électeurs plus jeunes, plus connectés. Sans compter que ces images dépassent les internautes parce qu’elles sont ensuite reprises par les chaînes d’information, les journaux télévisés”, souligne la communicante Émilie Zapalski, sur BFMTV, au sujet de cette mini-série.
Débat ou pas?
Reste, dans ce contexte, une interrogation prégnante chez les états-majors des différents candidats: Emmanuel Macron participera-t-il à un ou plusieurs débats télévisés avant le premier tour? Rien n’est moins sûr.
Si le principal intéressé ne s’est jamais exprimé sur la question, son entourage -ministres compris- envoie des signaux plutôt négatifs… et ce malgré l’insistance des autres prétendants à l’Élysée, impatients de voir le locataire de l’Elysée descendre dans l’arène. Le patron des marcheurs à l’Assemblée, Christophe Castaner, s’est encore montré très évasif sur le sujet, dimanche sur BFMTV, en indiquant d’abord que le président de la République allait échanger “avec des journalistes de la presse, avec des Français”.
Puis il a affirmé que des débats auraient lieu “selon les rituels et les circonstances, avec d’autres candidats”. Mais “s’il devait répondre à l’ensemble des propositions des médias pour organiser des débats avec tous les candidats, je pense qu’il en aurait facilement trente ou quarante”, or “aucun de ses prédécesseurs ne l’a jamais fait”, a-t-il pris soin de rappeler.
Plus globalement, le président n’est pas vraiment pressé à l’idée de participer aux différents rendez-vous médiatiques de cette campagne. Selon Le JDD, sa présence n’est pas encore assurée, lundi soir, sur LCI pour l’émission “Face aux Françaises”. Tous les candidats sont invités à y répondre, en direct, aux questions des lectrices de l’hebdomadaire Elle. Avec ou sans lui?