Jamais je n’ai eu de père ! C’est une heureuse réalité : je n’ai jamais eu de père. Pas comme les autres membres de ma fratrie.
Notre père n’a jamais été mon père. Il ne s’est jamais considéré comme tel à mon égard jusqu’à ce qu’il ne rejoigne Dieu son Père. D’ailleurs, très tôt, déjà à mes 10 ans d’âge, lui et moi formions une paire de pères pour la petite famille.
Pour mon père, en réalité j’étais un frère. C’était dans cette posture que nous avions toujours échangé. Et en temps que frère du père de mes sœurs et frères, j’étais le père par intérim en son absence. J’étais chargé entre autres de maintenir la paix en l’absence du père principal, de remonter les bretelles à la grande sœur qui le mérite, d’indiquer le menu de chaque jour, … Bref, tout allait à mon rythme.
Même mes enseignants à l’école le savaient. Le seul (en dehors du maître du CM2 Jean Adjahouto et Madame Gazard) qui m’avait une fois frappé en a eu pour son compte. “Un enseignant ne devrait frappé que les enfants tarés”, lui a enseigné mon père, pour l’une des rares fois qu’il agissait comme père. Frapper un enfant, il savait pourtant lui-même très bien le faire.
D’ailleurs, il insistait pour le faire par ses propres soins. En tant que frère, mes sévices corporels étaient rarissimes. En lieu et place, c’était plutôt d’interminables discussions à deux sur des sujets souvent sensibles mais que le jeune garçon trouvait ennuyeux.
Mais aujourd’hui, grand regret. Si j’avais tout noté dans un agenda comme il l’exigeait…Mon père n’était pas seulement un bon père ( avec ses défauts). C’était aussi et surtout mon frère !Repos éternel “DG” !
