Burkina Faso – Affaire Dabo Boukary : Gilbert Diendéré condamné à 20 ans de prison ferme
Au Burkina Faso, après trois jours de procès, le verdict dans l’affaire Dabo Boukary a été livré tard dans la nuit du 22 septembre. Le général Gilbert Diendéré et le lieutenant-colonel Bamba Mamadou sont reconnus coupables des faits de complicité d’arrestation illégale et séquestration aggravée. L’infraction de recel de cadavre n’a pas été retenue par le tribunal, car étant frappé par le délai de prescription.
L’ancien bras droit de Blaise Compaoré, Gilbert Diendéré, est condamné à 20 ans de prison ferme et un million de francs CFA d’amende. Le tribunal est allé au-delà du réquisitoire du procureur qui avait requis sept ans contre lui. Le lieutenant-colonel Mamadou Bamba, condamné à 10 ans de prison avec des circonstances atténuantes et une amende d’un million de francs CFA.
Jugé par contumace, Magloire Yougbaré a été condamné à 30 ans de prison et 5 millions de francs CFA d’amende pour complicité d’arrestation illégale et séquestration aggravée, contrairement à la perpétuité requise par le parquet. Pour Me Prosper Farama, l’un des avocats de la famille Dabo, la tenue de ce procès est en elle-même une victoire au-delà du verdict : « Encore plus satisfait du contenu des déclarations que nous avons entendues lors de ce procès et qui a conforté que cette affaire Dabo Boukary est une affaire d’assassinat politique qui implique un chef d’État, qui implique certains de ses collaborateurs civils comme Salif Diallo. »
« Il faut que les gens sachent que nul n’est au-dessus de la loi »
Selon Abdoul Latif Dabo, l’un des avocats du général Gilbert Diendéré, ce procès n’a pas permis de faire toute la lumière sur cette affaire avec l’absence de certains principaux acteurs : « On connait ceux qui ont donné des coups. On connait ceux-là qui ont été à la base de la mort de Dabo Boukari. Vous dire en cette soirée que la vérité a été dite… Comprenez qu’il y a une limite que je ne saurais franchir. »
Victime de la répression de la garde de sécurité présidentielle en mai 1990, Jean-Yves Sansan Kambou souhaite que ce procès soit une leçon pour les Burkinabè : « Ce que je vois là est purement pédagogique. Il faut que les gens sachent que nul n’est au-dessus de la loi. On donne leçon aux autres pour qu’ils ne puissent pas faire la même chose. »
La famille de l’étudiant Dabo Boukary demande un franc symbolique pour le préjudice moral et matériel, la construction d’une tombe et la délivrance d’un certificat de décès.