Au Bénin, les femmes de Dogbo, dans le département du Couffo, ont dénoncé les violences sexuelles et sexistes qu’elles subissent. Le samedi 6 juillet 2024, la Ligue béninoise des droits des femmes a organisé une séance de sensibilisation dans l’arrondissement de Tota. Sa présidente appelle à l’action pour aider les femmes à s’en sortir.
Le veuvage prolongé, le lévirat, la confiscation d’épargne ou encore d’héritage sont autant de violences que subissent les femmes de Dogbo. “Ce qui m’a le plus frappé, ce sont les cas de lévirat qui continuent aujourd’hui au Bénin, à Dogbo”, s’étonne Joanita Bocossa, présidente de la Ligue béninoise des droits des femmes rapportée par Sèdami Bénie .
Quid du veuvage ?
Paulette Annie Kembo, conseillère communale et présidente de Fame Ong – Femme autonome mère épanouie, déplore : “Sous nos cieux ici, quand ton mari décède, tu fais 9 mois de veuvage”. Cette période, qui dure généralement entre 1 et 3 mois, se prolonge exagérément dans certaines familles à Dogbo. “C’est une violence dont nous devons beaucoup plus parler”, affirme Joanita Bocossa.
La séance de sensibilisation a permis aux femmes de Dogbo de révéler les violences physiques, morales, sexuelles et financières dont elles sont victimes.
Certaines ont confié que leur mari s’approprie leur épargne, sous prétexte qu’elles vivent sous son toit. D’autres ont évoqué la charge de la grossesse laissée à leur seul soin face à la démission des conjoints. Elles sont également privées de leur droit à l’héritage, malgré les dispositions légales au Bénin.
Il est temps de briser la glace
Des élus locaux, des membres d’associations et le commissaire de Dogbo ont participé à la séance, soulevant des aspects qu’il est temps de conjuguer au passé. La Ligue béninoise des droits des femmes avait pour objectif de sensibiliser les femmes à l’importance de briser le silence pour recueillir des données quantitatives et qualitatives, nécessaires pour continuer leur travail.
La séance s’est tenue dans le cadre de la campagne “Compter pour toutes”, visant à améliorer le système de données sur les violences basées sur le genre et les violences sexistes et sexuelles au Bénin. Joanita Bocossa souligne que les cas de lévirat ne sont pas enregistrés dans le système actuel, d’où l’importance de cette séance de sensibilisation et d’écoute des femmes.
Des mesures à prendre …
Marcellin Sognon, premier adjoint au maire de Dogbo, se réjouit de la sensibilisation sur les VSS, déplorant la persistance des violences verbales et économiques. Il encourage les femmes à utiliser les notions acquises pour se défendre dans leurs foyers, sans pour autant lutter contre leurs maris.
Le commissaire de police Yakoubou Tassigui appelle les femmes à privilégier un règlement à l’amiable en cas de conflits familiaux. En cas de violences physiques, de séquestration ou de viol, il rappelle que le commissariat de Dogbo est obligé d’intervenir et est disponible pour aider les plaignantes à trouver des solutions.