Sénégal : la Cour suprême confirme la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko
L’opposant sénégalais Ousmane Sonko avait été condamné à 6 mois de prison avec sursis lors d’un procès en appel pour diffamation en mai. Cette peine, actée par la Cour suprême jeudi soir, compromet son éligibilité à la présidentielle de 2024.
Une peine devrait compromettre la candidature d’Ousmane Sonko pour la présidentielle du 25 février 2024. La Cour suprême sénégalaise a confirmé, dans la nuit de jeudi 4 à vendredi 5 janvier, la condamnation de l’opposant à six mois de prison avec sursis pour diffamation.
L’annonce a été faite par le juge Abdourahmane Diouf et confirmée par deux avocats de l’opposant, candidat déclaré à la présidentielle et personnage central d’un bras de fer de plus de deux ans avec l’État qui a donné lieu à plusieurs épisodes de troubles meurtriers.
“On a confirmé la peine et les dommages et intérêts. Sonko à perdu sur toute la ligne. Il est maintenant totalement interdit de participer à une élection”, a réagi après la décision l’avocat de l’État, El Hadji Diouf.
Les avocats d’Ousmane Sonko ont esquivé la question concernant l’éligibilité de leur client. Le Conseil constitutionnel devrait trancher la question prochainement.
Une peine durcie en appel
Ousmane Sonko, 49 ans, troisième lors de la présidentielle de 2019, est poursuivi par le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang pour “diffamation, injures et faux”.
Il avait été condamné en mars, en première instance, à deux mois de prison avec sursis et 200 millions de francs CFA (300 000 euros) de dommages-intérêts.
En appel au mois de mai, et en l’absence d’Ousmane Sonko, la justice a durci la peine : elle a confirmé les 200 millions de francs CFA de dédommagement, mais a porté à six mois l’emprisonnement avec sursis, une peine largement considérée comme l’excluant de la compétition électorale de février.
Cette peine a été définitivement actée par la Cour suprême jeudi soir, après plus de douze heures de débats. Cette décision clôture cette affaire.
Plusieurs plans B de l’opposition
Le camp de Sonko avait retrouvé l’espoir en une candidature de leur chef de file après qu’un juge a ordonné mi-décembre sa réinscription sur les listes électorales, confirmant une décision rendue en octobre par le tribunal de Ziguinchor (Sud) qui avait été cassée par la Cour suprême.
Il a été investi dimanche par sa coalition pour la présidentielle dans un lieu privé, à huis clos, après l’interdiction par les autorités du meeting public prévu samedi.
Malgré le refus de l’administration de délivrer à Ousmane Sonko les documents nécessaires, l’opposant a fait déposer son dossier de candidature au Conseil constitutionnel. Son mandataire doit passer vendredi devant la commission de contrôle des parrainages de la juridiction.
Mercredi, cet organe a validé le dossier d’Habib Sy, un candidat du même bord politique qu’Ousmane Sonko, qui a promis de se désister si le leader de sa formation peut se présenter. Un autre plan B de sa formation dont le dossier a été examiné jeudi, Bassirou Diomaye Faye, doit régulariser sa situation concernant ses parrainages pour participer au scrutin.
“Cette affaire est une opération de liquidation politique d’un adversaire, avec un chronogramme où on compte les jours pour dire que telle personne ne participera pas à l’élection présidentielle. Monsieur le président, j’espère que cette commande politique ne passera pas devant vous”, avait estimé Me Massokhna Kane, en clôturant la plaidoirie des avocats d’Ousmane Sonko.
Emprisonné pour d’autres chefs d’inculpation
Dans une autre procédure, Ousmane Sonko a été déclaré coupable le 1er juin de débauche de mineure et condamné à deux ans de prison ferme. L’opposant ne s’était pas présenté au procès et a été condamné par contumace.
Il est emprisonné depuis fin juillet sous d’autres chefs d’inculpation, dont appel à l’insurrection, et dénonce toutes ces affaires comme des complots visant à l’écarter de l’élection présidentielle.
Mi-décembre, un juge a relancé la candidature de l’opposant en ordonnant sa réinscription sur les listes électorales, confirmant une décision rendue en octobre par le tribunal de Ziguinchor (sud) qui avait été cassée par la Cour suprême.
Avec AFP