Bénin – Cherté de la vie : Boni Richard Ouorou stigmatise les mesures sociales du gouvernement
Dans une vidéo publiée le lundi 04 avril sur sa page Facebook, le politologue béninois Boni Richard Ouorou s’est prononcé sur les mesures prises par le gouvernement pour contrer la cherté de la vie. L’homme a désapprouvé les déclarations du ministre de l’Économie et des Finances, Romuald Wadagni, sur les efforts du gouvernement. Il a également proposé au régime en place des solutions pour vaincre la cherté de la vie.
Boni Richard Ouorou sort de son mutisme pour stigmatiser les actions du pouvoir en place, contre la cherté de la vie. Pour le politologue béninois, le gouvernement du président Patrice Talon n’a pas pris la bonne méthode pour gérer la cherté de la vie induite d’abord par la fermeture de la frontière nigériane. Ensuite la crise du Covid-19 et accentuée depuis fin février 2022 par la guerre qui oppose la Russie à l’Ukraine.
Toutes ces crises, reconnaît-il, ont eu un impact sur l’économie béninoise. Lors d’une émission diffusée le dimanche 03 avril 2022 par la télévision nationale, Romuald Wadagni, ministre de l’Économie et des Finances, a expliqué les raisons de l’ascension des prix des produits de grandes consommations sur le marché. L’argentier béninois a déclaré que le gouvernement fait beaucoup d’efforts pour enrayer la cherté de la vie.
Aux yeux de Boni Richard Ouorou, ces propos ne sont pas bien fondé. En effet, le politologue s’est interrogé sur ce que fait l’État pour pouvoir réguler l’impact de ses crises successives. Face à la crise engendrée par la guerre en Ukraine, se demande Boni Richard Ouorou, que fait l’État, pour qu’elle « ne soit pas ressentie de façon sauvage sur le quotidien de la population ».
En se basant sur les nouvelles taxes, le politologue estime que l’Exécutif n’agit pas pour contrer la cherté de la vie. « Apparemment l’État ne fait rien puisque malgré qu’il y a cette crise-là, l’État a encore (trouvé, Ndlr) les moyens de formuler de nouvelles taxes, d’augmenter le prix de l’eau et de l’électricité » a-t-il déclaré dans ses propos rapportés par Banouto.
Pour un petit État comme le Bénin, estime le politologue, il est « tout à fait normal » que le gouvernement « passe par tous les moyens pour collecter la TVA (Taxe sur valeur ajoutée, Ndlr) sur différents produits afin de pouvoir subventionner le développement solide tels que les écoles, les espaces verts » et tout ce dont, on a besoin pour vivre dans un écosystème assez sain. Mais, il déplore le fait que si la hausse du prix de l’eau et de l’électricité n’existait pas avant « une crise inflationniste, ce n’est pas à l’intérieur d’une crise économique qu’il faut maintenant la formuler ».
La réduflation contre la cherté de la vie
Face à l’augmentation du prix de l’eau et de l’électricité ou encore de la TVA, soutient Boni Richard Ouorou, les commerçants n’ont pas autre choix que de pratiquer la « réduflation ». Selon le dictionnaire eXionnaire, en économie, la réduflation est une « inflation déguisée qui consiste à maintenir le prix d’un produit tout en en réduisant la quantité ».
Dans le cas du Bénin, explique Boni Richard Ouorou, les commerçants, pour pouvoir payer les nouvelles taxes ou pour survivre à la cherté de la vie, vont « repartir ces taxes sur leurs produits ». À l’en croire, toutes, ces pratiques engendrent la baisse du pouvoir de consommation. « Soit votre consommation va diminuer en quantité, soit la qualité de votre consommation va diminuer. (…) Et c’est là que l’État va dire, nous avons gelé le prix du pain. Mais si vous gelez le prix du pain et que la vie est toujours chère, c’est que la quantité du pain va diminuer, soit la qualité va diminuer », relève le politologue.
« geler certains programmes de développement »
Ces explications avancées amènent Boni Richard Ouorou à estimer que l’État ne fait pas « grand-chose » contre la cherté de la vie. C’est pourquoi, il propose au gouvernement des solutions concrètes pour arrêter la saignée. Selon lui, il faut que le président Patrice Talon « cesse de mettre la pression sur ses ministres pour leur demander beaucoup trop de résultats, parce qu’en demandant beaucoup de résultats, les ministres sont obligés d’aller chercher de l’argent n’importe où pour pouvoir financer le développement ».
Or, souligne-t-il, en période de crise, le gouvernement devait décider de « geler certains programmes de développement pour pouvoir subventionner un peu de social pour donner un peu de souffle aux populations » afin qu’elles puissent vivre. « On ne peut pas être pauvre et être totalement démuni encore. Ce n’est pas normal », fustige le politologue.
« Aucun impôt n’a connu une hausse »
À noter que c’est la première fois d’ailleurs que le ministre Romuald Wadagni s’est prononcé sur la question de la cherté de la vie qui suscite un cri de détresse dans le rang des citoyens. Dans son intervention sur l’ORTB dimanche dernier, l’argentier béninois a été formel sur les supposées nouvelles impositions pointées pour justifier la hausse des prix des denrées alimentaires.
« Aucun impôt n’a connu une hausse », a martelé le ministre Romuald Wadagni. Au cours du conseil des ministres du mercredi 23 mars, dernier, le gouvernement du Bénin a pris une batterie de mesures pour soulager les populations face à la flambée des prix des produits de première nécessité.