“Maigre consolation! Oui je l’avais twitté. Et aujourd’hui encore, je l’assume”, Angéla Kpeidja
Maigre consolation! Oui je l’avais twitté. Et aujourd’hui encore, je l’assume. Pour beaucoup à l’époque, je n’avais pas l’étoffe pour prendre la direction du service Web de l’ORTB.
Pour d’autres, en acceptant ce poste, je venais bonnement corroborer la thèse de la victimisation dans le but de gravir les échelons. Ce 22 mai 2020, lorsque j’acceptais ce poste, j’étais accablée de toutes parts. Sur mon lieu de travail, je n’étais pas légitime à ce poste.
Entre les éventuelles représailles du Président de la République qui s’est mêlé de l’affaire, la jalousie et mes présumées lacunes, les visages de la plupart de mes collègues sont restés fermés. Ils attendaient tous pour applaudir le clash au bout d’un mois.
Pas un soupçon de félicitations!!!Mais c’est tout de même évident d’avoir ce revers après leur avoir tendu le miroir. Je venais d’écorner l’image de tous les employés, harceleurs, violeurs ou pas. Un an après, je ne ferai pas de bilan. Je laisserai le soin aux internautes des différentes pages de ce média de le faire.
Mais je reviendrai sur cette promotion qui décrédibiliserait mon combat contre le harcèlement sexuel en milieu du travail. Pour moi, il est inadmissible qu’on bénéficie d’une promotion en plein cœur de la gangrène du harcèlement sexuel. On ne devient pas présentatrice du journal, d’une émission ou d’un show parce qu’on est généreuse sexuellement avec son ou ses patrons.
L’humiliation vient justement du fait qu’on réduise la femme à ses simples attributs au lieu de miser sur ses compétences. Et Dieu sait que de plus en plus les femmes ont cette intelligence, cette élégance à gérer au mieux les affaires de la cité. Face à ce que les uns et les autres appellent promotion, je suis tentée de dire que je n’ai pas été promue.
Jamais je n’ai rêvé d’autre chose que d’une émission de santé dans ce média.Bien au contraire, cette nomination aurait dû mettre à nu mes présumées lacunes. Puisque certains ont affirmé que je n’ai eu droit qu’à des promotions canapés dans ce média.
En plus dans mon cas, comme l’a écrit mon collègue rédacteur Web, j’étais une profane du Web qui débarquait à la tête du service Web de l’ORTB. Mais quand on vous a réduit à un objet sexuel pendant des années, la baisse de l’estime de soi est bien souvent le seul choix à votre portée.
Faut-il alors continuer à vous engouffrer dans ce tunnel de la déchéance quand vous avez l’opportunité d’en sortir ? J’avais besoin de me prouver que je n’étais pas ce qu’ils me condamnaient à être. J’avais besoin d’éprouver mes capacités et de faire honneur à cette catégorie de femmes qui allient allègrement beauté, intelligence, courage, et savoir-faire.
Le Bénin reste l’un des rares pays sur le continent africain à disposer d’un texte de loi portant protection des victimes du harcèlement sexuel en milieu professionnel. Mais la peur du regard de la société a toujours été le frein à l’application de cette loi.
Les sanctions administratives et juridiques y sont clairement signifiées. Et comme j’ai pu l’exprimer sur mon mur à l’époque, la sanction administrative n’exclut pas la poursuite judiciaire. Elle est même maigre en face du préjudice social et professionnel qui est le mien. Pour lutter, il faut aller au front.
En plus, j’y suis les mains nues, sans maquillage, sans fioritures. Il est plus facile d’être bon joueur quand on est sur le banc de touche.