Vatican : le pape de fer et émérite Benoît XVI est mort
Joseph Ratzinger Pape Benoît XVI est mort ce samedi matin du 31 décembre 2022 à 95 ans après avoir vu sa santé décliner brusquement ces derniers jours. Affaibli par sept années de règne agité, Joseph Ratzinger, le successeur de Jean-Paul II, vivait reclus depuis une décennie dans un monastère du Vatican. Il .
De lui, on se souviendra de… sa démission. C’était le 11 février 2013, il l’avait fait — en latin — devant des cardinaux éberlués, leur laissant dix-sept jours pour se retourner. Longtemps gardien du dogme sous Jean-Paul II, auquel il avait succédé, Benoît XVI, l’autre pape vivant au sein de la cité de Saint-Pierre, n’est plus. À 95 ans, le souverain pontife émérite allemand s’est éteint ce samedi matin dans ses appartements du monastère Mater Ecclesiae, où il s’était retiré.
Le pape François avait appelé à prier pour son prédécesseur, « gravement malade », mais cela n’aura pas suffi. Benoît XVI, de son nom de naissance Joseph Ratzinger, est décédé ce samedi 31 décembre à l’âge de 95 ans, a annoncé le Vatican. Mercredi 28 décembre 2022, le pape François avait annoncé que la santé de Benoît XVI s’était « dégradée » depuis quelques jours. « Ce sont ses fonctions vitales qui lâchent, y compris le cœur », avait précisé une source vaticane, avant que le Saint-Siège confirme l’« aggravation au cours des dernières heures » de l’état de santé du théologien allemand en raison de son « âge avancé ».
Une dernière visite
Le pape François avait d’ailleurs rendu visite mercredi à son prédécesseur, sous surveillance médicale permanente dans sa résidence, située au sein du monastère Mater Ecclesiae au cœur des jardins du Vatican. C’est là que le pape émérite vivait une retraite discrète depuis qu’il avait renoncé à sa charge en 2013 en raison d’une santé défaillante.
Devant les fidèles réunis au Vatican, le pape François avait appelé à une « prière spéciale » pour son prédécesseur. « Pour entretenir sa mémoire, car il est gravement malade, pour demander au Seigneur de le consoler et de le soutenir jusqu’au bout dans ce témoignage d’amour à l’Église », avait-il ajouté.
Renonciation historique en 2013
Successeur de Jean-Paul II, Benoît XVI avait été rattrapé début 2022 par le drame de la pédocriminalité dans l’Église. Mis en cause par un rapport en Allemagne sur sa gestion des violences sexuelles lorsqu’il était archevêque de Munich, il était sorti de son silence pour demander « pardon », mais avait assuré ne jamais avoir couvert de pédocriminel.
Sa renonciation, annoncée en latin le 11 février 2013 après huit ans d’un pontificat marqué par de multiples crises, fut une décision personnelle liée à ses forces déclinantes, et non à la pression de scandales, avait assuré l’ancien pape, peu à l’aise avec les bains de foule, dans un livre de confidences paru en 2016. Par ce geste, inédit en 700 ans, le premier pape allemand de l’Histoire moderne a ouvert la voie à ses successeurs dont les forces viendraient à décliner. François, âgé de 86 ans et souffrant de douleurs au genou, a lui-même laissé « ouverte » cette possibilité.
Benoît XVI était apparu de plus en plus fragile ces derniers mois, se déplaçant en chaise roulante, mais il continuait de recevoir des visiteurs. Les photos de sa dernière visite reçue, datant du 1er décembre, montraient un homme frêle et visiblement affaibli.
Une ligne conservatrice
Né en 1927, Joseph Ratzinger a enseigné la théologie durant 25 ans en Allemagne avant d’être nommé archevêque de Munich. Il est ensuite devenu le strict gardien du dogme de l’Église durant un autre quart de siècle à Rome à la tête de la congrégation pour la doctrine de la foi, avant d’être nommé pape en 2005.
En tant que chef de l’Église catholique, il a défendu une ligne conservatrice, notamment sur l’avortement, l’homosexualité ou l’euthanasie. Ses déclarations ont parfois créé l’incompréhension, comme sur l’islam, l’utilisation du préservatif contre le VIH ou encore l’excommunication de quatre évêques intégristes en 2009.
Le scandale des Vatileaks
Son pontificat fut également marqué en 2012 par la fuite de documents confidentiels (« Vatileaks ») orchestrée par son majordome. Le scandale avait mis en évidence une Curie romaine (gouvernement du Vatican) minée par les intrigues et dénuée de rigueur financière. La dernière vidéo de Benoît XVI, diffusée par le Vatican en août, montre un homme amaigri, muni d’un appareil auditif, ne pouvant plus parler mais au regard toujours vif.
Pour Eleonora Matsechek, une fidèle italienne de 19 ans originaire de Modène présente ce mercredi place Saint-Pierre, Benoît XVI « a été un bon pape, il a fait preuve de courage en démissionnant ».