Le porte-parole du gouvernement somalien a été blessé lors d’une attaque terroriste des shebab ce dimanche 16 janvier 2022.
Le porte-parole du gouvernement somalien a été blessé dimanche dans une attaque-suicide des shebab contre sa voiture à Mogadiscio. L’information a été confirmée par les services du Premier ministre et la police du pays instable, où les élections maintes fois retardées doivent reprendre ce dimanche.
“Le porte-parole du gouvernement fédéral somalien a été blessé dans une attaque terroriste, ses blessures ne sont pas graves et nous lui souhaitons un prompt rétablissement”, a annoncé le bureau du Premier ministre dans un bref communiqué. Une source policière et des témoins cités par l’AFP rapporte que l’assaillant a tenté de s’accrocher à la voiture du porte-parole Mohamed Ibrahim Moalimuu avant de faire exploser sa bombe, détruisant partiellement le véhicule.
“Un kamikaze a sauté sur le véhicule transportant le porte-parole du gouvernement Mohamed Ibrahim, qui a eu de la chance de survivre et d’avoir des blessures légères”, a confié Mohamed Farah, un officier de police présent sur le lieu de l’attaque. “Deux autres personnes ont été blessées par l’explosion”, a-t-il ajouté.
Des témoins ont confirmé que l’assaillant, qui est décédé, s’était appuyé sur la voiture avant qu’une forte explosion ne retentisse. “Des membres de corps humain ont été vus éparpillés dans la zone”, a déclaré l’un de ces témoins, Abdirahman Moalin Ali. L’attaque a été revendiquée par les shebab.
“L’attaque visait l’un des responsables du gouvernement et a été menée comme prévu”, ont affirmé les combattants jihadistes dans un communiqué. Porte-parole du gouvernement et conseiller du Premier ministre depuis plus d’un an, M. Moalimuu est un ancien journaliste de la BBC et ancien secrétaire général de l’Union nationale des journalistes somaliens (UNSOJ). Il a échappé à plusieurs attaques contre des hôtels où il résidait, dont une en 2019 qui avait touché un grand hôtel et avait été suivie d’un siège de près de 22 heures.
Une attaque sur fond de tensions politiques
L’attaque de dimanche a eu lieu le jour où la Somalie doit reprendre son processus électoral, maintes fois retardé et enlisé depuis un an, sur fond de tensions entre le président Mohamed Abdullahi Mohamed, plus connu sous le surnom de Farmajo, et le Premier ministre, Mohamed Hussein Roble.
Président depuis 2017, Farmajo a vu son mandat expirer le 8 février 2021 en ayant failli à organiser des élections. L’annonce mi-avril de la prolongation de son mandat pour deux ans avait provoqué des affrontements armés à Mogadiscio.
Dans un geste d’apaisement, le chef de l’Etat avait chargé le Premier ministre d’organiser les élections. Mais dans les mois qui ont suivi, les accrochages entre les deux hommes ont perduré, faisant craindre que leur conflit ne dégénère en violences généralisées. En décembre, Farmajo a suspendu M. Roble qu’il avait lui-même nommé en septembre 2020. Celui-ci a aussitôt accusé le président de “tentative de coup d’État” et défié son autorité, tandis que l’opposition appelait Farmajo à démissionner. Il y a une semaine, M. Roble et les dirigeants régionaux somaliens ont annoncé avoir conclu un accord pour achever les élections parlementaires d’ici au 25 février. Farmajo a dans la foulée affirmé son soutien à cet accord.
Dans ce contexte, un nouveau président a été élu samedi à la tête de la commission électorale, le précédent ayant été limogé par M. Roble, ouvrant la voie à une reprise du processus de vote. Selon le complexe système électoral somalien, les assemblées des cinq Etats du pays et des délégués investis par une myriade de clans et de sous-clans choisissent les législateurs qui, à leur tour, désignent le président. Les élections pour la chambre haute sont terminées dans tous les Etats, à l’exception de Galmudug, et les votes ont commencé début novembre pour la chambre basse.
De nombreux observateurs estiment que la crise au sommet de l’Etat et l’impasse électorale détournent l’attention de problèmes plus importants de la Somalie, comme l’insurrection des shebab. Ce mouvement lié à el-Qaëda cherche à renverser le fragile gouvernement fédéral somalien, soutenu par la communauté internationale, et contrôlent de vastes territoires dans les zones rurales tout en menant des attaques jusque dans la capitale. Lundi, ils ont revendiqué un attentat-suicide à la voiture piégée qui a fait plus de quatre morts à Mogadiscio.