Maroc : le gouvernement interdit l’abattage des moutons femelles
Au Maroc, le gouvernement a interdit l’abattage des femelles ovines et caprines jusqu’en mars 2026 pour protéger le cheptel national.
Le gouvernement marocain prend une nouvelle mesure pour préserver son cheptel national durement touché par la sécheresse persistante. Dans une circulaire datée du 19 mars 2025, le ministère de l’Intérieur et le ministère de l’Agriculture ont annoncé l’interdiction immédiate de l’abattage des femelles des espèces ovines et caprines jusqu’en mars 2026. Cette décision vise à freiner la réduction inquiétante du cheptel national, conséquence directe des épisodes de sécheresse qui frappent le pays depuis plus de six ans.
Une mesure pour préserver le cheptel
Cette interdiction s’inscrit dans une stratégie gouvernementale globale visant à stabiliser le secteur de l’élevage, qui figure parmi les plus touchés par la sécheresse, au même titre que la céréaliculture. La circulaire a été adressée aux autorités locales, aux directeurs régionaux et provinciaux de l’Agriculture, ainsi qu’au directeur général de l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) afin d’assurer une application stricte de cette nouvelle mesure.
Selon le gouvernement, cette initiative permettra de “mieux maîtriser les indicateurs d’évolution de la structure du cheptel et de mieux raisonner les dispositifs de repeuplement du cheptel national ovin et caprin.” En clair, le Maroc cherche à renforcer la résilience du secteur de l’élevage face aux aléas climatiques et économiques.
Des pertes considérables dans le secteur de l’élevage
La sécheresse persistante a gravement affecté les pâturages, entraînant une flambée des prix des aliments pour animaux et une contraction de la production locale. D’après les derniers recensements du ministère de l’Agriculture réalisés en 2025, le pays a déjà perdu 38 % de son effectif de bovins et d’ovins depuis 2016.
Face à cette situation critique, le gouvernement avait déjà pris une décision radicale en février dernier : l’annulation du sacrifice de mouton pour la fête de Tabaski en 2025. Ce rituel annuel mobilise généralement entre 5 et 8 millions de têtes d’ovins et caprins, une pression supplémentaire sur un cheptel déjà fragilisé.
Augmentation des importations pour combler le déficit
Pour pallier la baisse de la production locale, le Maroc a intensifié les importations de bétail vivant. Le gouvernement a ainsi autorisé l’importation de 720 000 têtes d’ovins et caprins dans le cadre de son projet de loi de finances 2025. Cette mesure vise à répondre à la demande croissante des abattoirs et à maintenir la disponibilité de viande rouge sur le marché intérieur.
Par ailleurs, le Royaume a également diversifié ses sources d’approvisionnement. En janvier dernier, le Maroc a ajouté l’Australie à la liste de ses fournisseurs de bétail, une démarche stratégique visant à sécuriser l’approvisionnement face à l’instabilité de la production locale.
Un secteur sous pression
La combinaison de la sécheresse, de la hausse des coûts de production et de la réduction des effectifs de cheptel place le secteur de l’élevage sous une pression considérable. Les mesures adoptées par le gouvernement, bien que drastiques, s’inscrivent dans une volonté de maintenir une production locale durable et de garantir la sécurité alimentaire du pays. Cependant, la réussite de cette stratégie dépendra largement de la capacité du gouvernement à soutenir les éleveurs et à assurer une meilleure gestion des ressources en eau et en alimentation animale.