“J’ai raté le suicide de justesse”, Houètèhou Franck Hounsa raconte son échec au BAC
Mon échec au BAC 2001 Comment j’ai raté le suicide de justesse! ! Quand j’allais au BEPC en 1998, je m’étais donné pour défi de totaliser 7 en mathématiques. Je savais qu’avec l’Anglais et le Français je pouvais combler le fossé et tirer mon épingle du jeu. Tellement j’étais en porte à faux avec les maths !
Après le BEPC, j’ai opté pour la seconde A. Je savais que je pouvais rapidement ajouter l’Espagnol ou l’Allemand à mon carquois pour me tirer d’affaire. Mais la réponse de papa fut un “non” catégorique. Pour lui, je devais faire la C. La A était une série qui ne débouchait sur rien. Je lui expliquai en vain que la science et moi étions comme tout le temps en grève.
“Si tu ne vas pas faire la C, alors tu fais la D. C’est la série des équilibrés et c’est ma décision finale. Gros paresseux.”! Fin des negociations gouvernement syndicat. Le gouvernement a tranché.
En seconde, quand le professeur de mathématiques a commencé par sortir les incantations comme “propositions , P et Q vrai … faux… ” j’étais comme lui-même aimait le dire “largué à 2000 mètres d’altitude sans parachute sans rien.”… Bref. Comme les trois titans étaient coefficiés 3 chacun , j’ai glané un peu partout pour m’en sortir en Seconde.
Je me suis retrouvé bien vautré dans la boue
En première, j’ai eu la biologie et les lettres pour salut. Madame Sciences Physiques a rejoint les Maths pour me faire la fête avec des notes minables . Aldéides par-ci, cétones par-là, programmation, par là-bas avec nougat mou nougat ramolli… des histoires qui n’ont de but que me propulser sous la mer comme le Titan de la dernière fois dont vous savez tous la fin.
10,16 ont suffit pour débarquer en terminale. Grâce aux cours de vacances, j’ai pu apprendre les fameux nombres complexe ou on élève au carré quelque chose qui n’existe pas pour trouver un nombre négatif. Je me souviens la phrase du professeur de Maths le jour où il partageait les copies du premier devoir. C’est le même qui m’a gardé depuis la Seconde. “Frankouuu! Tu as pourchassé le 10 depuis la seconde pour l’avoir en Terminale. !” . Je venais d’avoir mon 1er “10” en devoir de maths en 3 ans! Ça se fête!
Mais à partir de là, mes notes en Maths ont été, cette année-là, une fonction strictement décroissante 10-6-4-2 et finalement 1 à l’examen. En physique, ce n’était pas aussi la joie avec la cinématique et beaucoup de désordre de cette trempe. J’ai fait tous les efforts du monde mais quand la Biologie m’a joué aussi un sale tour, je me suis retrouvé bien vautré dans la boue. Et je le savais.
Quand j’ai appris que j’ai echoué, des idées me sont passées rapidement par l’esprit comme aller à la plage pour ne plus jamais revenir ou me jeter devant une voiture en vitesse au goudron. Mais j’ai eu l’idée de rentrer quand même voir maman. Elle a toujours une solution à tout…
Et quand je suis rentré tout triste ….
(Je ne peux plus écrire ce que j’ai vécu). Papa ne m’a pas frappé mais son premier regard déjà m’a donné envie de disparaitre. “Voilà! Toujours à s’amuser, il n’apprends jamais ces cours … Chez qui vient-il même… passe par là-bas.! Et je dois reprendre toutes ces dépenses ou bien ! Vous n’êtes que des mangeurs d’oeufs qui se foutent de la douleur que subit la poule à l’anus…” C’est parti ainsi pour trois mois de paroles blessantes. Mais les cinq premiers jours ont été les plus invivables. Je n’étais plus autorisé à faire mes travaux domestiques, je n’avais pas droit à une réponse quand je salue, personne ne devait parler avec moi et les injures continuaient à pleuvoir sur moi à chaque seconde presque (à part quand papa s’endort) jusqu’à la totale! “Tu as préparé ton échec et tu l’as eu”…. J’étais devasté! Comment un élève de terminale qui n’a jamais repris une classe au collège va préparer son échec?
Pourtant je devais marcher sur 24 km avec mes frères pour rejoindre le village chaque vendredi après 18h afin de faire le champ samedi et dimanche et retourner dimanche soir….
Ç’en est de trop. Ma décision est prise. Le puit tari de 44m qui se trouve dans la maison doit recevoir un visiteur inattendu cette nuit. Malgré tout ce que maman se cachait pour me dire, ils seront tous surpris demain matin. N’est-ce pas moi leur problème? Tout le monde aura la paix demain matin.
Papa avait continué à me traiter de tout malgré tout. Je passais à coté de maman quand j’ai lancé “Tout ça aura une fin tout à l’heure”! Il sonnait déjà environ 16h et papa avait fait un tour dans le village. Je ne savais même pas pas que j’ai ouvert la bouche pour sortir cette phrase. Pour moi, je me parlais. D’un trait elle envoie sa main pour me saisir le bras gauche! – Qu’est ce que je viens d’entendre? – Rien maman!
– Quoi? Ça va finir? Qu’est ce qui va finir? À cause de toi je suis restée ici jusqu’à ce qu’à 22 ans tu me dises que ça va finir? Qu’est-ce qui va finir? Ton père a dépensé et n’a pas eu le fruit. Cela lui fait mal. Et il parle sans forcément mesurer la gravité de tout ce qu’il dit mais est-ce que tu penses qu’il est prêt à te perdre? D’où sors-tu être idée? ..
– Maman! J’en ai assez! …continuai-je en sanglot
Elle profita de l’absence de papa pour me conscientiser jusqu’à m’extirper cette idée de suicide de la tête. Il y a une phrase que j’ai gardée de cette discussion. “Quand il y a orage, on ne se jette pas dehors au gré du vent. On se cache et on laisse l’orage passer. On peut être en retard mais on fini par rallier sa destination en toute quiétude.”
Je ne sais pas si maman a fini par parler à papa plus tard mais il semble avoir grandement changé car quand quelques années plus tard, mon frère a échoué au BAC, c’est lui qui l’a plutôt consolé!
Si vous n’avez pas pu avoir le BAC cette année, ne vous inquiétez pas. Ce n’est pas la fin du monde. Les parents peuvent même vous frapper. Ce n’est qu’une tempête. Elle passera et vous serez victorieux très prochainement. Merci pour l’attention et surtout le temps. Je suis Houètèhou C. Franck Hounsa, Votre serviteur .