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Guinée-Bissau : des tirs nourris entendus après la libération de deux ministres par la garde nationale

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Les deux hauts responsables avaient été convoqués par la justice puis placés en garde à vue après le retrait du Trésor public de 10 millions de dollars. L’état-major bissau-guinéen a assuré que l’armée contrôlait la situation et a dit détenir le chef de l’unité des forces de sécurité impliquée.

Des soldats de la garde nationale de Guinée-Bissau ont libéré, dans la nuit du jeudi 30 novembre au vendredi 1er décembre, deux membres du gouvernement qui étaient interrogés par la police, avant d’échanger des coups de feu avec les forces spéciales, selon des sources militaires et du renseignement.

L’état-major bissau-guinéen a dit vendredi détenir le chef de l’unité des forces de sécurité impliquée dans la nuit d’affrontements. « Le colonel [Victor] Tchongo est entre nos mains. La situation est totalement sous contrôle », a déclaré le capitaine Jorgito Biague, un porte-parole de l’état-major militaire.

Un responsable militaire s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, compte tenu de la sensibilité de la situation, a lui affirmé que le colonel Tchongo, de la garde nationale, s’était rendu. Une photo censée le montrer entre les mains de l’armée a été envoyée à des journalistes.

Il a indiqué par ailleurs que les deux membres du gouvernement, que des éléments de la garde nationale sont soupçonnés d’avoir soustraits à la police alors qu’ils étaient interrogés, avaient été récupérés sains et saufs.

Le ministre de l’économie et des finances, Souleiman Seidi, et le secrétaire d’Etat au Trésor public, Antonio Monteiro, avaient été convoqués jeudi matin par la justice, puis placés en garde à vue. La police judiciaire a interrogé les deux hauts responsables plusieurs heures durant sur un retrait d’une somme de 10 millions de dollars (9,17 millions d’euros) des caisses de l’Etat, selon les mêmes sources, s’exprimant sous le sceau de l’anonymat pour des raisons de sécurité.

M. Seidi avait été interpellé lundi par des députés sur ce retrait, lors d’une séance à l’Assemblée nationale. Il avait affirmé que ce retrait était légal et destiné à soutenir le secteur privé national. Toujours selon les mêmes sources, vers 22 heures jeudi soir (même heure GMT), des éléments de la garde nationale, une unité de l’armée, ont exfiltré le ministre et le secrétaire d’Etat des locaux de la police judiciaire, les ont conduits vers une destination inconnue, puis se sont retranchés dans une caserne située dans le quartier de Santa Luzia, ont affirmé les mêmes sources.

Des tirs nourris dans le sud de la capitale

Des tirs nourris ont ensuite été entendus vendredi matin dans ce quartier situé dans le sud de la capitale, Bissau, selon un correspondant de l’AFP. Tous les accès aux quartiers sud de la ville ont été bloqués par des forces de sécurité. Des habitants ont dit fuir cette zone pour le nord de la ville après une nuit de peur.

Les sources militaires et du renseignement ont indiqué que les forces spéciales sont intervenues contre la garde nationale après plusieurs tentatives de médiation infructueuses. Il s’en est suivi un échange de tirs avant que le calme ne revienne, ont-elles ajouté.

Des éléments de la Force d’appui pour la stabilisation de la Guinée-Bissau, déployés dans ce pays par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), ont été vus vendredi matin en patrouille dans les rues de Bissau, a constaté un journaliste de l’AFP.

Ces événements surviennent alors que le président Umaro Sissoco Embalo, élu en décembre 2019 pour cinq ans, se trouve à Dubaï pour assister à la 28e Conférence des Nations unies sur le climat (COP28). Petit pays pauvre d’Afrique de l’Ouest, la Guinée-Bissau souffre d’une instabilité politique chronique et a été victime depuis son indépendance du Portugal en 1974 d’une kyrielle de coups de force, la dernière en février 2022.

En septembre, le président Embalo avait nommé deux généraux, Tomas Djassi et Horta Inta, respectivement chef de la sécurité présidentielle et chef d’état-major particulier du président de la République. Ces deux postes, prévus dans l’organigramme officiel, n’étaient plus pourvus depuis plusieurs décennies. Ce renforcement de la sécurité présidentielle est intervenu alors que les coups d’Etat ou tentatives se multiplient en Afrique de l’Ouest, notamment au Gabon, au Niger, au Mali, au Burkina Faso, en Guinée et, cette semaine encore, en Sierra Leone.

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