France : mort d’Yvan Colonna après son agression en prison, Emmanuel Macron réagit
Au lendemain de la mort du militant indépendantiste corse Yvan Colonna, trois semaines après avoir été agressé en prison, le président de la République Emmanuel Macron a appelé ce mardi 22 mars “au calme et à la responsabilité” en Corse, assurant que des “conséquences” en seraient “tirées”.
Le chef de l’Etat a salué, sur France Bleu, “l’esprit de responsabilité” des élus de l’île parce que, “dans ce contexte, le plus important est que le calme se maintienne”. Un peu plus tôt dans la matinée, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal avait également appelé “au calme et au dialogue” sur Europe 1.“Les circonstances dramatiques dans lesquelles (Yvan Colonna) a été tué sont évidemment très choquantes”, a souligné Gabriel Attal qui a adressé ses condoléances à la famille. Il a assuré que “toute la lumière sera faite sur l’enchaînement qui a conduit à cette situation qui n’est pas acceptable”.
Yvan Colonna, 61 ans, à qui la justice avait accordé une suspension de peine “pour motif médical” jeudi, se trouvait entre la vie et la mort depuis sa violente agression début mars à la maison centrale d’Arles (Bouches-du-Rhône), où il purgeait sa peine pour la participation à l’assassinat du préfet Claude Érignac en 1998 à Ajaccio.
Il avait été très grièvement blessé par un codétenu radicalisé, un Camerounais de 36 ans présenté comme un “jihadiste” qui s’était acharné sur lui dans la salle de sport de la prison.
Franck Elong Abé, qui purgeait plusieurs peines, dont une de neuf ans d’emprisonnement pour “association de malfaiteurs terroriste”, a depuis été mis en examen pour tentative d’assassinat terroriste. Il a justifié son acte par le fait que le militant corse aurait blasphémé et “mal parlé du Prophète”.
LFI demande une commission d’enquête parlementaire
Outre Gabriel Attal, de nombreuses personnalités politiques ont réagi au décès du fermier indépendantiste, en particulier les candidats à l’élection présidentielle. Sur RTL, le candidat communiste Fabien Roussel a appelé, comme le porte-parole du gouvernement, à faire “toute la lumière (…) sur le meurtre d’Yvan Colonna. Comment un détenu particulièrement surveillé a-t-il pu être étranglé pendant de 8 minutes par un autre détenu particulièrement surveillé?”
“C’est un assassinat, il faut respecter le deuil de la famille et des proches. (…) J’appelle au calme car les images que nous avons vues ces derniers jours sont terribles”, a également commenté le candidat écologiste Yannick Jadot sur France Inter. “Il faut ouvrir une nouvelle relation entre la Corse et l’État français. (…) Il faut que le prochain quinquennat soit celui où l’on discute de cette autonomie de plein exercice, de plein droit de la Corse, avec de nouvelles compétences.
Mort d’Yvan #Colonna : “C’est un assassinat”, réagit @yjadot. “Il faut ouvrir une nouvelle relation entre la Corse et l’État français. Il faut que le prochain quinquennat soit celui où l’on discute de cette autonomie de plein exercice”#Presidentielle2022#le79Interpic.twitter.com/9zMsy8CnA6— France Inter (@franceinter) March 22, 2022
Toujours à gauche, les députés LFI Eric Coquerel et Mathilde Panot, ainsi que le directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon, Manuel Bompard, ont réclamé une commission d’enquête parlementaire. “Il est important d’envoyer des signaux d’apaisement”, a justifié Mathilde Panot. “Les conditions de l’agression puis de la mort d’Yvan Colonna posent questions. Comment est ce possible que pendant 11 à 12 minutes il y ait une agression sans que rien ne se passe dans une prison très surveillée?”, s’est-elle interrogé.
“Yvan Colonna, mort pour la Corse”
La candidate de droite à la présidentielle Valérie Pécresse a aussi déploré “un drame” à l’annonce de la mort d’Yvan Colonna, appelant ”à ne pas embraser la Corse”. De son côté Jordan Bardella, président par intérim du Rassemblement national, a indiqué n’avoir aucune “sympathie pour Yvan Colonna. Mais qu’un détenu français soit agressé dans une prison française par l’un de ses co-détenus multirécidiviste, qui était auxiliaire de l’administration c’est-à-dire qu’il bénéficiait d’une rémunération (pour avoir fait des ménages dans la prison, NDLR). (…), aurait dû entraîner la démission immédiate d’Éric Dupond-Moretti.”
Je n’avais pas de sympathie pour #YvanColonna. Mais ce qui s’est passé est incroyable : il a été tué en prison par un djihadiste dangereux et récidiviste, qui était rémunéré par l’administration pénitentiaire ! Ceci devrait entraîner la démission immédiate d’Eric Dupond-Moretti. pic.twitter.com/IqxKEEoioG— Jordan Bardella (@J_Bardella) March 22, 2022
En Corse, l’émotion était vive. “Yvan Colonna, patriote corse, bien vivant pour l’éternité! Nous serons toujours à tes côtés”, a rapidement réagi sur Twitter, en langue corse, le parti Femu a Corsica de Gilles Simeoni, le président autonomiste du conseil exécutif de l’île.
“Yvan Colonna, mort pour la Corse”, a posté, toujours en corse, et encore sur le même réseau social, Core in Fronte, le principal parti indépendantiste, accompagnant son message d’une photo en noir et blanc du militant nationaliste indépendantiste flanquée du message ”à toi l’étreinte de cette terre”.
La seule élue en Corse à réagir en son nom propre a été Marie-Antoinette Maupertuis, la présidente autonomiste de l’assemblée de Corse, qui a présenté ses “condoléances et son soutien” à la famille d’Yvan Colonna.
En Nouvelle-Calédonie, le FLNKS a aussi rendu présenté ses condoléances aux proches du défunt. Dans un communiqué, Pierre-Chanel Tutugoro, chargé de l’animation du bureau politique de la coalition indépendantiste kanak a déclaré: “Compte tenu des liens de fraternité et de solidarité affirmés entre le peuple corse et le peuple de Kanaky-Nouvelle-Calédonie, le FLNKS apporte son total soutien et ses plus sincères condoléances à sa famille, ses proches et aux militants indépendantistes corses, ainsi qu’à toute l’île de beauté qui traverse cette douloureuse épreuve.”