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Femmes rurales au Bénin : Entre marginalisation et rôle clé dans l’économie

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La situation des femmes rurales au Bénin reste préoccupante. À l’occasion de la 16ᵉ édition de la Journée internationale des femmes rurales, Ella Wama Mara, juriste, socio-anthropologue et experte en genre, a dressé un tableau peu reluisant de la condition de ces actrices pourtant incontournables de l’économie béninoise. Malgré leur contribution essentielle, ces femmes demeurent marginalisées et confrontées à de nombreux défis structurels.

Un enfant au dos, un autre dans le ventre et une bassine remplie de produits agricoles sur la tête. Cette image illustre la réalité quotidienne des femmes rurales béninoises, souvent décrites comme des « dames aux mille bras ». Elles ploient sous le poids du triple rôle que leur impose la société : productif (travaux agricoles et économiques), reproductif (éducation et entretien des enfants) et communautaire (soutien au fonctionnement social du village).

Cependant, cette image cache une grande précarité. Si les femmes rurales accomplissent 80 % des tâches agricoles dans le pays, elles ne possèdent que 1 % des terres agricoles, souligne Ella Wama Mara. Cette inégalité dans la répartition des ressources limite considérablement leur autonomie économique et renforce leur dépendance.

Des défis persistants et structurels

Outre la faible accessibilité aux terres agricoles, les femmes rurales béninoises font face à une absence quasi totale de services sociaux de base. L’accès à l’eau potable, à l’électricité, à l’éducation et aux soins de santé reste difficile dans de nombreuses zones rurales. Ces femmes représentent également deux tiers des analphabètes du pays.

Elles subissent par ailleurs diverses formes de violences : économiques, environnementales, physiques et psychologiques. Cette vulnérabilité est particulièrement évidente sur les marchés. “Après une journée au marché de Glo-Djigbé ou de Zè, les femmes épuisées se retrouvent dans l’obligation de jeter leur production ou de brader les fruits pour éviter de les transporter encore sur de longs kilomètres”, témoigne Ella Wama Mara.

L’experte, qui totalise plus de 20 ans d’expérience dans le domaine de l’autonomisation des femmes, attire l’attention des décideurs sur le besoin de développer des technologies de transformation et de conservation des produits agricoles. Selon elle, les difficultés rencontrées par les femmes rurales ne relèvent pas seulement du manque de ressources, mais aussi de l’absence de structures adaptées pour valoriser et conserver leurs productions.

Des filets sociaux insuffisants

Pour Ella Wama Mara, les dispositifs de protection sociale en place, tels que les programmes de crédits agricoles, restent peu inclusifs et inefficaces. “Ces programmes ne sont pas assez structurés pour permettre aux femmes rurales de réaliser des investissements agricoles à long terme. Ils se limitent à des fonds de roulement ou à des besoins pratiques, mais leurs intérêts stratégiques ne sont pas pris en compte.”

En dépit des efforts fournis pour améliorer la production agricole, la rémunération des femmes reste faible et stagnante. “Depuis 10 ans, le taux journalier de travail dans les plantations d’ananas n’a pas changé dans l’Atlantique”, constate Mme Mara. Si certains programmes ont permis d’améliorer la qualité de ce produit d’exportation, ils n’ont pas réussi à renforcer la résilience économique des femmes rurales.

Miser sur les produits locaux pour renforcer l’autonomie des femmes

L’autonomisation des femmes rurales passe avant tout par une meilleure valorisation de leur production. Ella Wama Mara appelle à un changement de comportement dans les habitudes alimentaires en privilégiant les produits locaux.

“L’achat du riz local profitera par exemple à la coopérative des femmes transformatrices de Malanville. Par contre, le choix du riz thaïlandais ne fera qu’augmenter les ressources financières des producteurs de la Thaïlande”, explique-t-elle.

En encourageant la consommation des produits locaux, les femmes rurales pourront mieux écouler leurs productions, générer plus de revenus et améliorer leurs conditions de vie. Une augmentation des ressources financières permettrait à ces femmes de scolariser leurs enfants et d’avoir accès à des soins de qualité.

Un appel à une politique d’inclusion renforcée

Pour Ella Wama Mara, l’avenir des femmes rurales au Bénin repose sur une politique d’inclusion renforcée. Il s’agit de garantir un accès équitable aux ressources productives, de faciliter la transformation et la conservation des produits agricoles, et de revoir les programmes de crédits pour répondre aux besoins stratégiques des femmes rurales.

“Il ne s’agit pas simplement de leur donner des moyens de subsistance, mais de créer un cadre économique et social qui valorise leur travail et améliore durablement leurs conditions de vie”, conclut-elle.

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