Le président du mouvement Alliance Conclave de la Jeunesse Thibaut Ogu a adressé une lettre ouverte au président Patrice Talon, le mercredi 24 juillet 2024.
L’objet de cette note est la demande de grâce présidentielle à tous les détenus et exilés politiques à l’occasion de la célébration des 64 ème anniversaires d’indépendance du Bénin qui se tiendra le 1er août 2024.
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Monsieur le Président,
Lors des évènements pré-électoraux de 2021, plusieurs personnes dont j’en faisais partie ont vu leurs libertés arrachées. Tous ces béninois avaient réclamé des élections libres et ouvertes. Présenter à la CRIET et repartir dans plusieurs prisons sous mandat de dépôt, le chef d’accusation était le même : appartenance à une organisation terroriste.
Mais en réalité, nous étions tous des détenus politiques arrêtés à cause de notre appartenance et convenance politique. Certains parmi nous n’étaient politiquement mêlés à rien. C’étaient des ouvriers, des manœuvres, des conducteurs de taxi-moto ou même des jeunes étudiants arrêtés sur des places publiques pour gonfler notre effectif.
Suite à la pression populaire et diplomatique, plusieurs personnes seront libérées par vague. La première vague est libérée neuf mois après puis la deuxième quatorze mois après. Tous libérés sans condamnation mais mis sous convocation. Après trente mois de détention, on nous fait appel à la chambre correctionnelle de la CRIET. A présent, les faits seront requalifiés. On ne sera plus poursuivi pour « appartenance à organisation terroriste » mais pour « atteinte au processus électoral ». Certains comme moi qui avions la chance ont été condamnés à trente-huit mois de prison ferme assortir d’une amende.
D’autres qui n’ont pas eu cette chance sont condamnés à cinq ans ou dix ans de prison ferme. Les cas des dossiers de l’ancienne Ministre Reckiath MADOUGOU et du Professeur Joël AÏVO respectivement condamnés à vingt (20) ans et dix (10) ans de prison ferme pour « financement de terrorisme » et « blanchiment de capitaux » s’ajoutent à la longue liste de détention politique.
Le mouvement Alliance Conclave de la Jeunesse (ACJ) que je préside ainsi que plusieurs d’autres organisations politiques et de la société civile ont, à travers plusieurs moyens exigés la libération de ces jeunes et cadres qui croupissent dans les prisons.
Suite à votre rencontre avec une délégation du parti « les Démocrates » conduite par son président Dr Thomas BONI YAYI, ancien Président de la République, vous avez opposé un refus catégorique à la demande de ces derniers qu’est la libération du professeur Joël AÏVO, de l’ancienne Ministre Reckiath MADOUGOU et d’autres prisonniers politiques.
Les députés du groupe parlementaire « Les Démocrates » ont transmis à l’Assemblée Nationale une loi d’amnistie en faveur de tous les détenus et exilés politiques. Mais sans aucune surprise, cette loi a été rejetée en majorité par les députés de la mouvance présidentielle, vos députés.
Monsieur le Président, je connais les conditions désastreuses et la torture morale qui sont dans ces maisons d’arrêt. Il ne s’agit pas d’une question de pardon mais plutôt d’unité nationale. En votre qualité de Président de la République, c’est de votre devoir de maintenir et de sauvegarder l’unité de toutes les filles et de tous les fils de notre pays.
C’est pourquoi, moi Thibaut Armand OGOU, citoyen béninois épris de paix et de justice, vous exhorte à faire recours à votre humanisme et votre amour pour la nation en prononçant une grâce présidentielle en faveur de tous les détenus et exilés politiques à l’occasion de la célébration du soixante-quatrième (64ème) anniversaire d’Indépendance de notre pays.
Je suis convaincu qu’il reste encore en vous, Monsieur le Président, une ombre d’humanité, qui pourra sentir l’émotion de cet enfant, de ce mari, de cette femme ou de ce parent qui sentira la joie de voir son enfant, son mari, sa femme, sa mère ou son père libéré. Vous avez encore une chance de mieux faire et cette fête d’indépendance est une opportunité pour vous réconcilier avec le peuple béninois qui est le vôtre. Par ce geste Monsieur le Président, le peuple béninois vous sera éternellement reconnaissant.
Dans l’espérance et l’espoir d’une suite favorable à ma requête, recevez Monsieur le Président mes salutations patriotiques.
Fait à Cotonou le 24 Juillet 2024
Thibaut Armand OGOU
