La saisie des biens immobiliers de l’homme d’affaires Sébastien Ajavon par la justice béninoise a coulé beaucoup d’encre. Reçu sur la radio nationale le mardi 05 juillet 2022, l’avocat Jacques Migan fait savoir que cette procédure judiciaire qui s’achève maintenant a démarré avant l’avènement du régime de la rupture.
Sébastien Ajavon est revenu au-devant de la scène le vendredi 1er juillet 2022 à l’issue d’une procédure judiciaire. Le domicile de l’homme d’affaires béninois situé à quelques encablures de l’aéroport de Cotonou a été vidé au cours d’une saisie menée par le Trésor public. Les images de déménagement des biens de l’ancien candidat à la présidentielle de 2016 ont choqué certains Béninois qui ont vite fait de soupçonner un coup politique contre Sébastien Ajavon qui vit en exil en France où il a obtenu le statut de réfugié en 2019.
Mais pour l’avocat et ancien bâtonnier Me Jacques Migan, le président Patrice Talon n’en est pour rien dans cette affaire. Car indique-t-il, la saisie des biens de l’opposant « remonte au président Boni Yayi ». L’État étant une continuité, l’avocat a déclaré que « c’est normal que le judiciaire reprenne ce dossier qui est complètement indépendant de l’Exécutif ». Pour le magistrat, le peuple béninois doit savoir que le dossier État béninois contre Sébastien Ajavon est « un dossier qui n’a rien avoir avec la politique ». Me Jacques Migan précise que l’ancien allié de Patrice Talon était intervenu dans ce « dossier en tant que commerçant ».
Une mesure « inadmissible »
Pour le moment, celui que l’on surnommait jadis le « roi du poulet », n’a pas officiellement réagi à cette saisie. Son avocat, Me Marc Bensimon, s’en est chargé pour lui, dans les heures qui ont suivi l’opération, dénonçant une mesure « inadmissible » au micro de RFI. Une thèse balayée par les autorités qui assurent que toutes les procédures ont été respectées. Dénonçant un « raffut médiatique » autour de la saisie des biens de Sébastien Ajavon, le ministre béninois de la Justice, Me Séverin Quenum fait savoir que cette opération n’est rien d’autre qu’« une simple exécution de décision judiciaire, comme il y en a chaque semaine des dizaines ». Il assure que si aucune communication publique sur l’opération n’a été faite par ses services, il ne s’agissait nullement de « cacher quoi que ce soit ».
Pour rappel, Sébastien Ajavon et sa société Comon SA sont poursuivis par la justice béninoise dans un dossier de remboursement de crédit de TVA. Ils ont été condamnés à payer à l’État béninois des milliards de francs CFA pour les préjudices subis par l’administration fiscale et pour les préjudices non fiscaux.