L’opposant Sébastien Ajavon est le seul grand absent aux législative du 8 janvier 2023. Outre le Roi de la volaille, tous tous les acteurs de l’opposition en exil ou en prison ont donné de la voix dans le cadre des tractations pour l’élections des députés, 9è législature.
Le dimanche 8 janvier 2023, plus de 6 millions d’électeurs béninois étaient appelés aux urnes pour renouveler les membres du parlement. Sept partis dont trois de l’opposition qui n’avaient pas pu prendre part aux élections législatives de 2019 et en avaient appelé au boycott étaient en lice.
Lors des campagnes électorales, plusieurs acteurs politiques de l’opposition ont appelé leurs militants et sympathisants à voter pour le parti Les Démocrates se réclamant seul parti de l’Opposition. Parmi eux figurent des détenus politiques et des exilés politiques.
Madougou, Aïvo, Koutché Djènontin …
En effet, depuis sa cellule à la prison civile de Missérété, Reckya Madougou n’est pas restée insensible aux élections législatives de janvier 2023. Le jeudi 22 décembre 2022, l’ancienne ministre de la justice sous Boni Yayi a adressé un message à tous les Béninois, et en particulier aux militants du parti « Les Démocrates », dont elle est membre.
“Mes chers compatriotes, en toute responsabilité et humblement, j’en appelle à une campagne électorale pacifique sur toute l’étendue du territoire et à des élections apaisées, sans aucune effusion de sang, voire dans la fraternité comme naguère”, avait déclaré Reckya Madougou. L’opposante a exprimé ses doutes sur la transparence du scrutin. « Pour autant, notre principale préoccupation doit nous attacher à la préservation des vies humaines. Nos voix comptent, mais nos vies le sont davantage », avait-t-elle indiqué.
Sébastien Ajavon, Le grand absent …
Même si elle ne boude pas la participation du parti « Les Démocrates » aux élections, Reckya Madougou dit regretter l’exclusion de certains leaders de premier plan du parti. Pareil pour Joël Aïvo qui, depuis la prison a exprimé son soutien pour le parti de l’opposition “Les Démocrates”. Même les exilés politiques n’ont pas dérogés à la règle. Depuis l’exil, Komi Koutché a attendu le dernier jour des campagnes électorales pour appeler ses militants et sympathisants à voter pour le parti Les Démocrates.
Le seul absent des législatives de 2023 est l’opposant Sébastien Ajavon. L’homme d’affaire et roi de la volaille a opposé un silence assourdissant aux législatives de 2023. Qu’est-ce qui pourrait justifier ce silence du roi de a volaille? A-t-il définitivement mis fin à sa carrière politique après la présidentielle de 2016? Ses démêlées avec la justice béninoise lui ont t-il cloué le bec au point d’éviter tout sujet politique?
“Nombre d’inscrits au plan national, 6.600.572, nombre de votants 2.551.547. Taux de participation 38,66%, bulletins nuls 78.106, suffrages valablement exprimés au plan national 2.473.441“, a annoncé Sacca Lafia 72 heures après le vote. Les deux partis de la majorité, l’Union progressiste pour le renouveau et le Bloc républicain, sont arrivés en tête, suivis d’assez près par l’opposition, Les Démocrates. Seuls ces trois formations ont atteint la barre de 10% des suffrages qui permet d’être représenté au parlement.
Des ennuis judiciaires à un silence assourdissant
L’Etat béninois a publié un avis de vente aux enchères de 18 immeubles saisis du patrimoine de l’homme d’affaires et opposant Sébastien Ajavon à l’issue de sa condamnation pour fraude fiscale en mars 2021.
Selon le document, la vente devrait se tenir le 14 mars 2023 lors d’une audience au Tribunal de première instance de Porto-Novo, la capitale béninoise. Le prix initial fixé pour les 18 immeubles avoisine les 19 milliards de francs CFA.
Déjà en août 2022, les services fiscaux béninois avaient saisi et vendu, une voiture de luxe et des meubles haut de gamme de l’opposant. Après son procès de mars 2021 devant la Cour de Répression des Infractions Economiques et du Terrorisme (Criet), l’opposant a écopé de cinq de prison ferme pour fraude fiscal. Il a été condamné à payer près de 82 milliards de francs Cfa en amendes, dommages et intérêts.
Exilé en France, Ajavon n’a pas assisté au procès mais ses avocats et partisans ont dénoncé une affaire montée de toute pièce pour persécuter un opposant. L’homme d’affaires qui a fait fortune dans l’agroalimentaire notamment dans l’importation de poulet a obtenu le statut de réfugié politique en France depuis avril 2019.
Sous le régime de Patrice Talon, les problèmes judiciaires de Sébastien Ajavon ont commencé en 2016 avec une affaire de trafic présumé de drogue. Dans un premier temps, il a été relaxé au bénéfice du doute. Le dossier a été repris et jugé une seconde fois par la Criet qui l’a condamné à vingt ans de prison ferme.
Sébastien Ajavon surnommé « le roi du poulet » était candidat à la présidentielle de 2016 qui a vu l’arrivée au pouvoir de Patrice Talon. Classé troisième derrière Lionel Zinsou et Patrice Talon, il avait appelé à voter pour le candidat Talon au second tour.
