Bénin : le groupe de travail de l’ONU exige la ”libération immédiate” de Reckya Madougou
Le Groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire réclame la « libération immédiate » de l’opposante et ex-ministre béninois Reckya Madougou, condamnée à 20 ans de réclusion criminelle en décembre 2021 par la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (Criet) pour « financement du terrorisme ». L’organisme onusien a adopté, au terme de sa 94e session du 29 août au 2 septembre 2022, un avis concernant Reckya Madougou et notifié à ses avocats le lundi 07 novembre 2022.
La libération sans délai de Reckya Madougou réclamée par le groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire. Dans un avis adopté au terme de sa session qui s’est tenue du 29 août au 02 septembre 2022 et consulté par TRIOMPHE MAG, le Groupe de travail de l’ONU a réclamé la « libération immédiate » de l’opposante et ex-ministre de la Justice. L’organisation onusien juge que « la privation de liberté de Mme Reckya Madougou est arbitraire ».
L’ancienne garde des Sceaux a été arrêtée par la police le 3 mars 2021 sur le pont de Porto-Novo alors qu’elle revenait d’un meeting. C’est sur saisine des avocats de l’opposante béninoise que le Groupe de travail sur la détention arbitraire de l’ONU s’est prononcé sur sa détention. Dans la plainte adressée à l’organisme onusien, la défense de Reckya Madougou a fait observer que cette interpellation de leur cliente viole le Code de procédure pénale suivant lequel le procureur spécial ne peut décerner un mandat d’amener dans les seuls cas de flagrant délit, ce qui n’est pas le cas dans ce dossier.
Sans «base légale»
Suite à cette demande, le groupe de travail onusien s’est prononcé en indiquant que Reckya Madougou a été arrêtée en « l’absence d’un titre légal d’arrestation ». « Le Gouvernement ne justifie pas pourquoi un juge d’instruction ne pouvait pas être saisi pour décerner un mandat d’amener », a fait observer l’organisme onusien. Pour le groupe de travail de l’ONU, la détention et la condamnation de l’ex-ministre de la justice, est dépourvue de « base légale », tout en jugeant que la détention provisoire de Reckya Madougou n’est pas conforme aux dispositions de l’article 9 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
Au lendemain de sa réélection en avril 2021, le président béninois, Patrice Talon avait tenu des propos sur Reckya Madougou. Le groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire estime que l’opposante n’a pas « bénéficié du droit à la présomption d’innocence » et qu’elle a été condamnée par la Criet au cours d’un procès qui a duré moins de 24 heures. Il demande donc au gouvernement béninois de « libérer immédiatement » l’opposante béninoise.
Ancienne candidate du parti ”Les Démocrates”, Reckya Madougou s’était lancée dans la course à la présidentielle d’avril 2021 face à Patrice Talon avant de voir sa candidature rejetée par la Commission électorale nationale autonome (CENA), faute d’un nombre suffisant de parrainages. Reckya Madougou a été arrêtée, en mars 2021, à la suite d’un meeting des partis de l’opposition. Elle sera condamnée, le 11 décembre 2021, à 20 ans de prison par la Criet pour « financement du terrorisme ».