Le chef d’État béninois, le président Patrice Talon a rencontré son prédécesseur et farouche opposant Boni Yayi, le mercredi 22 septembre 2021 au palais de la Marina. Cette rencontre surprise entre les deux hommes en froid qui ne s’étaient pas vus depuis 2016 est la preuve que quelques soient les divergences politiques, il faut opter pour le dialogue politique.
En prélude à la présidentielle du 11 avril 2021, l’ancien président Boni Yayi dont le parti a été exclu en raison du manque de parrainage avait invité ses compatriotes à boycotter le scrutin présidentiel. A la surprise générale, Boni Yayi a décidé de fumer le calumet de la paix avec Patrice Talon. Selon ses explications, suite à leur rencontre, l’objectif est de faciliter le dialogue entre les forces politiques du Bénin.
La nécessité d’un dialogue politique…
Visiblement, comme l’avait proposé Iréné Agossa, Boni Yayi a fini par comprendre que dans un processus démocratique , il peut ne pas être d’accord avec le choix des modèles politique, économique, social…d’un pouvoir en place et pourtant, dialoguer avec lui. Ceci est d’autant plus vrai que le contexte politique du Bénin qui est caractérisé par une rupture démocratique fondée sur la dictature des lois.
Ainsi, aller rencontrer Talon et négocier, ne fait pas forcément d’un opposant un diable ou un traître. Boni Yayi sait désormais comment Iréné Agossa a pu obtenir les parrainages pour participer à l’élection présidentielle d’avril 2021 et qu’il était bien possible de battre le Président Talon dans les urnes si tant est que l’ultime but de l’ opposition était d’en finir avec sa gouvernance.
L’ancien président de la République a compris maintenant que tous ceux qui avaient appelé le peuple à ne pas aller voter en avril 2021 étaient tout, sauf pacifiques. Car, ils ont plutôt facilité le maintien de Patrice Talon au pouvoir et renforcer l’Etat de loi donc l’affaiblissement de nos institutions, l’arrestation et l’exil des militants de l’opposition.
Mieux, cette recontre de Boni Yayi et Patrice Talon prouve qu’il a reconnu implicitement le leadership éclairé de Iréné Agossa et de son parti RLC qui prône le dialogue pour régler les différends, et permettre l’alternance au pouvoir par les urnes et qu’il existe un chef d’État au Bénin et qu’il faut le reconnaître en tant que tel pour être son opposant.
Boni Yayi a enfin compris qu’il ne servait à rien de nier la réalité ; il a donc donné raison au Président du parti RLC. Le Président d’honneur du parti Les Démocrates a compris tard ce que Iréné AGOSSA et son parti RLC avaient compris tôt. En politique, les rapports entre les acteurs étant principalement des rapports de force, cela permet de comprendre selon quelles logiques les hommes s’opposent ou parviennent à s’accorder.
Et pourtant, avant sa suspension du parti Les Démocrates, Iréné Agossa n’avait ménagé aucun effort pour clamer haut et fort qu’une rencontre entre les forces politiques de la mouvance et de l’opposition était une porte de sortie. Qui sait? peut-être que le parti de Boni serait actuellement au pouvoir s’il avait suivi les conseils du président du parti Restaurer La Confiance.
La libération des détenus politiques et d’opinion
Boni Yayi et Patrice Talon se sont rencontrés malgré la forte pluie du mercredi 22 septembre 2021. Pour la rencontre , Boni Yayi portant un boubou blanc, un chapeau traditionnel et un masque noir. Il a été accueilli par Patrice Talon au 3e étage du palais de la marina. Comme l’indiquaient les séquences des vidéos dont Triomphe Mag a reçu copie, l’ambiance était cordiale et Patrice Talon a été l’auteur de propos flatteurs.
« Monsieur le président, ravi de vous accueillir ici, où vous avez consacré dix ans de votre vie au Bénin. J’attendais ce moment, tous les Béninois aussi. Je suis ému et très fier ».
Patrice Talon
Un dialogue et une concertation périodique
Leur dernière rencontre remonte à 2016. Pour Boni Yayi, il n’y a pas de problèmes profonds entre Patrice Talon et lui. «Nous avons uniquement parlé du peuple béninois, de l’image de notre pays et de la décrispation », a t-il confié à la pesse à la sortie de la rencontre. Et il ajoute : « Il n’y a pas de problèmes profonds entre Patrice Talon et moi. Pour parvenir [à cette situation Ndlr], j’ai demandé au président, qui m’a écouté, la libération des détenus politiques et d’opinion»
Dans ses doléances, Boni Yayi a évoqué le nom de Reckya Madougou et de Joël Aïvo, la fin des arrestations politiques, le retour des exilés politiques et a également évoqué Sébastien Ajavon, Komi Koutché et d’autres. Il a également a demandé un dialogue et une concertation périodique avec les anciens présidents. « J’ai demandé, mais c’est le président Talon qui décide », dit-il pour conclure.
