Bénin: 614 grossesses précoces et 38 cas de viol sur mineures à Savè depuis janvier 2025
À Savè, une campagne d’activisme contre les violences basées sur le genre a révélé l’ampleur d’une crise qui frappe durement les jeunes filles. Au total, 614 grossesses précoces et 38 cas de viol enregistrés depuis janvier 2025. Ces données, présentées lors d’un atelier organisé par l’ABMS, l’APMS-BÉNIN et l’Ong YOD, alertent sur une urgence sociale qui interpelle institutions, familles et communautés.
La stupeur a envahi la salle de réunion de la mairie de Savè ce 9 décembre 2025, lorsque les participantes et participants ont découvert l’ampleur des violences subies par les filles mineures. Depuis le début de l’année 2025, la commune a enregistré 614 grossesses précoces et 38 cas de viol, touchant des enfants âgées de 4 à 17 ans. Une réalité brutale et douloureuse, qui a sidéré l’assistance.
Ces chiffres, rendus publics dans le cadre de la campagne d’activisme contre les violences basées sur le genre (VBG), révèlent une situation d’une gravité exceptionnelle. Parmi les victimes, on compte 20 filles de 10 à 14 ans, 4 petites filles de 4 à 9 ans, et 15 adolescentes de 15 à 17 ans. Des statistiques qui témoignent de l’ampleur et de la profondeur du phénomène.
« La situation est grave à Savè », a résumé avec émotion Geneviève Kadoukpè Arawo, directrice départementale des Affaires sociales, entourée d’Inès Fatokoun, point focal VBG des Collines.
Une campagne qui tombe à point nommé
Face à l’ampleur des violences dévoilées, la campagne menée par l’ABMS, l’APMS-BÉNIN et l’Ong YOD apparaît indispensable. Elle vise à renforcer la sensibilisation communautaire et à encourager la dénonciation des abus. « Votre ONG vient marquer son engagement aux côtés du gouvernement pour que les filles et les femmes des Collines grandissent dans un environnement sécurisé », a salué Geneviève Kadoukpè Arawo.
Les discussions ont mis en lumière les nombreuses formes de violences basées sur le genre, notamment celles d’ordre socio-économique, qui maintiennent les femmes et les jeunes filles dans une grande vulnérabilité. Selon les acteurs présents, la montée des cas traduirait un effritement progressif des repères sociaux et culturels.
Pour Venance Tonongbé, président de l’APMS-BÉNIN, « Les VBG déshumanisent notre société ». Une analyse que partage la professeure Yvette Onibon, directrice de l’Ong YOD, qui évoque une « déliquescence des normes éthiques » et une « mauvaise connaissance de nos cultures ». Il s’agit des facteurs aggravants des violences observées. Son organisation œuvre notamment pour l’autonomisation économique des femmes, un levier essentiel dans la lutte contre les abus.
Des outils pour briser le silence
Afin de toucher un public plus large, la campagne s’appuie également sur des outils artistiques. Le film Yabè, produit avec l’appui de l’ambassade des Pays-Bas, expose la réalité des violences faites aux mineures et rappelle la responsabilité des autorités morales dans leur prévention.
Les humoristes Hootô Autorité, Dah Ayatô, Kady, Eury et autres artistes ont utilisé l’humour comme vecteur de sensibilisation, tout en abordant des notions sensibles telles que les dérives numériques. « Les établissements scolaires sont des lieux où se déroulent de nombreuses formes de violences », a rappelé la professeure Onibon. Il a insisté sur les risques liés au partage de contenus sensibles en ligne. « Internet, TikTok, WhatsApp… c’est bien, mais seulement quand ça ne nous met pas en danger ».
Un numéro vert pour dénoncer : le 7344
La rencontre a aussi permis de promouvoir le numéro vert 7344, mis en place par l’ABMS. Gratuit, anonyme et confidentiel, il offre un accompagnement aux personnes victimes ou témoins de violences, ainsi que des informations sur le VIH/sida.
« Nous orientons également les appelants vers les Guichets uniques de protection sociale (Gups) », a expliqué Marie-Hélène Yehouessi, gestionnaire du service. Le numéro est disponible dans plusieurs langues nationales, afin d’assurer une accessibilité maximale.

