Bénin : la “position zémidjan” exigée au secrétaire de Owo-Lobè avant sa bastonnade
Un ministre de l’empereur Owo-Lobè a révélé lors de sa déposition le mardi 07 septembre 2021 au tribunal de Cotonou que la “position zémidjan” a été exigée à la victime avant sa flagellation.
Au Tribunal de première instance de Cotonou ce mardi 07 septembre 2021, les juges se sont de nouveau penchés sur le dossier « Coups et blessures volontaires » survenu au palais royal de la confrérie Ogboni dans la nuit du 23 au 24 juin dernier.
Au terme du procès qui a connu l’absence du plaignant Ibrahim et après dépositions à la barre, l’affaire a été reporté au 19 octobre 2021. Une date à l’issue duquel, le ministère public vas opérer des réquisitions et la partie défense fera des plaidoiries.
Le procès
Ce mardi, l’Empereur Owo-Lobè et ses 08 ministres en prison ont fait leur déposition au tribunal de Cotonou. Malgré l’absence de la victime Ibrahim, l’audience a eu lieu. Selon son avocat, Me Filibert Béhanzin, son client a eu un malaise ce matin au moment où il s’apprêtait à venir à l’audience. Il serait en soin dans une clinique après le malaise, a ajouté l’avocat. Voici la déposition de chacun, rapportée selon Banouto.
Les dépositions des personnes impliqués
Un peu après 09 heures 10 minutes, Adam Abibou alias « Empereur Owo-Lobè » et ses co-accusés sont invités à se présenter devant les juges. Ils doivent répondre des faits de « coups et blessures » et « complicité de coups et blessures », mis à leurs charges par le parquet du tribunal de Cotonou.
Le premier convié à la barre est William Nouhoumin, le premier ministre de cette cour impériale de Owo-Lobè. A la question du juge de savoir, « Pourquoi avez-vous infligé des sévices corporels à Ibrahim Zannou ?, William N qui occupait le poste de secrétaire de l’empereur a répondu que c’est parce que la victime avait enfreint le règlement intérieur de la cour impériale. Il ajoute qu’il a été bastonné après une série de punitions en présence des autres ministres.
« Je lui ai demandé de faire la position Zémidjan pendant 45 minutes à 1 heure de temps », détaille-t-il. A l’en croire Ibrahim Zannou n’est pas le seul à subir cette sanction de faire la position Zémidjan. Et tout ceci avec l’autorisation de l’empereur. Aussi le premier ministre affirme qu’un dénommé Spéro Akpanka fils de l’empereur a subi la même bastonnade. Mais lorsque le juge lui a demandé si la Cour impériale de Owo-Lobè est-elle devenue une juridiction ? Le premier ministre est resté bouche-bée. Le ministère public a déclaré qu’il souhaite convoquer le nommé Spéro Akpanka dans le cadre de l’affaire.
Qui a publié la vidéo de bastonnade sur les réseaux sociaux ?
Qui a publié la vidéo de bastonnade sur les réseaux sociaux ? Un peu avant 10 heures, Me Filbert Béhanzin, avocat de la victime, interroge le premier ministre après la série de questions-réponses du ministère public. « Est-ce qu’il y a une autre personne qui a assisté à la réunion de bastonnade de Ibrahim Zannou et qui a enregistré les vidéos ? », a demandé l’avocat.
« Je ne saurai le dire. J’ai reçu moi-même les vidéos sur WhatsApp », a confié au tribunal le premier ministre. A la suite de cette question, le premier ministre a pouffé de rire.
Une réaction qui a suscité la colère de l’avocat de la victime.
A l’origine des déboires judiciaires de l’empereur Owo-Lobè et des membres de sa cour, la publication sur les réseaux sociaux d’une série de vidéos montrant le nommé Ibrahim Zannou victime de flagellation de la part de ses ministres. Mais qui a publié sur les réseaux sociaux ces vidéos de flagellation ? A cette question, pas de réponse.
L’empereur Owo-Lobè à la barre pour faire sa déposition.
Le juge chargé du dossier lui demande si sa cour dispose d’un règlement intérieur qui régit son fonctionnement. Owo-Lobè dans son intervention a donné l’impression de ne comprendre ce que dit le juge. Le juge est obligé de lui poser la même question sous une autre manière. « Oui, nous avons un règlement intérieur », va-t-il affirmer. « Quelles sont les sanctions prévues dans ce règlement intérieur ? », lui demande le magistrat. « Lorsque vous êtes en infraction, c’est renvoi », a-t-il répondu. Puis une série de questions-réponses. Sur la question du juge à propos des corvées, il a nié tout comme celle relative à sa participation aux réunions
Qui a filmé la vidéo de bastonnade ?
Je ne sais pas. Je n’ai jamais pris ma main pour taper quelqu’un, répond l’Empereur. Par rapport à son fils qui a subi une flagellation, Owo-Lobè a laissé entendre qu’il a interdit les corvées. Lorsque le ministère public l’a interrogé sur celui qui a publié la vidéo sur les réseaux sociaux, Owolobè a déclaré avoir visionné la vidéo au lendemain de la vidéo avant que la vidéo ne fuite sur les réseaux sociaux.
Il dit être abasourdi par ce qu’il a vu dans cette vidéo de bastonnade. Mais l’empereur dit ne pas savoir celui qui a publié la vidéo sur les réseaux sociaux.
Les autres prévenus à la barre
A 10 heures 30 minutes, Alice Bidozou, ministre à la Cour impériale est demandée à la barre. Interrogée sur les faits de bastonnade, elle ne prononce que deux mots : « Je regrette ». « Où avez-vous trouvé la lanière et les objets métalliques ayant servi à la bastonnade », lui a lancé le juge. « La lanière n’est pas pour l’empire. Je regrette le fait que nous ayons violé la loi », a répondu cette prévenue. « Les sévices corporels font-ils partie de votre règlement intérieur ? ». « Non, cela n’en fait pas partie », a-t-elle déclaré, rapporte la même source.
Après sa déposition, six autres ministres de la Cour impériale vont passer à la barre. Ils n’ont pas nié les faits. Certains ont imploré la clémence du tribunal. Un peu après 11 heures, le juge chargé du dossier a décidé de renvoyer le dossier au mardi 19 octobre 2021. Audition au cours de laquelle le ministère public va faire sa réquisition suivie des plaidoiries.
L’empereur Kabiessi Owolobè et ses 8 ministres avaient déjà été présentés au procureur de la République les 19 juillet et 10 août 2021. Lors de la dernière audience, le procès avait été reporté à cause de l’absence de la victime.
Les huit (8) sont en prison depuis le 19 juillet 2021 dans l’affaire « bastonnade » d’un jeune homme. Si tout va bien, l’empereur mondial de la confrerie Ogboni, Kabiessi Owolobè, qui est toujours sous convocation sera fixé sur son sort ce mardi 7 septembre 2021.
Les faits remontent à la nuit du 23 au 24 juin 2021. Mais des vidéos montrant la flagellation de la victime ont été diffusées sur les réseaux sociaux le weekend du 18 juillet 2021.
Retour sur les faits…
Il y a quelques semaines, Ibrahim Houégnon, Secrétaire administratif du palais de l’empereur Abibou Adéola Adam alias Owo-Lobè, a publié sur les réseaux sociaux un audio dans lequel, il informe avoir été envoyé pour une opération de retrait Mobile Money. Selon lui, l’opération a mal tourné et il a été puni au palais pour cette erreur.
« La dame qui allait me faire l’opération de retrait a mis 19 500 fcfa. Elle a donc omis un zéro. Moi j’ai validé sans faire attention », avait-t-il raconté dans un audio de 5 minutes. Il dit avoir alors validé un retrait de 19 500 FCFA, mais a reçu des mains de la dame une somme de 195 000 FCFA.
“J’étais rentré avec les 195 000 fcfa que j’ai remis à son éminence Owo-Lobè. Quelques heures plus tard, la dame s’est rendue compte de son erreur. Elle a donc repris contact avec moi pour récupérer son argent”.
Ibrahim a alors promis rembourser le surplus , mais la police était déjà au courant de l’affaire. Informé de la situation, l’empereur mondial Owo-Lobè a demandé que la situation soit réglée au commissariat.
« J’ai été gardé à vue. Le commissariat a décidé que je reste là, en attendant qu’il ne fasse jour pour que j’aille faire le retrait pour rembourser »
Flagellé en conseil des ministres
Comme pour le tirer d’affaire, l’empereur et ses ministres ont cotisé 60 mille qu’ils ont envoyé à Ibrahim, pendant qu’il était au commissariat.
« Le matin, je suis allé retirer les sous de mon compte bancaire pour rembourser la dame. Après avoir récupéré son argent, elle dit qu’elle ne veut pas enclencher une procédure judiciaire, qu’on pouvait me laisser partir ».
Après avoir récupéré ses sous, la dame a demandé la libération du jeune Ibrahim. C’est ainsi qu’il a été relâché et a repris service dans les bureaux d’Owo-Lobè.
« Le lendemain, aux environs de 22h 30, Owo-Lobè me faisait comprendre qu’il y a un conseil des ministres au premier étage et que je devais aller apprêter la salle ».
Une fois dans la salle du conseil des ministres, le premier ministre du palais impérial l’informe qu’il est aussi concerné par la séance.
“L’ordre du jour portait uniquement sur ma personne. Après le point de la situation fait par un membre du palais, qui était aussi au commissariat, s’en est suivi ma bastonnade. Une dame sort un bois, un bâton en fer, une lanière, une barre en aluminium. Ils étaient au nombre de 18. Elle a demandé à ce que chacun d’eux m’applique 20 jours. A tour de rôle, ils m’ont châtié”, a-t-il raconté.
Owo-lobè libéré, ses ministres déposés en prison
Arrêtés et placés en garde à vue dans la soirée du dimanche 18 juillet 2021 pour coups et blessures volontaires, l’empereur mondial de la fraternité Ogboni et ses ministres ont été présentés au Procureur de a République le lundi 19 juillet 2021 .
Après leur audition, l’empereur Owo-Lobè a été libéré et mis sous convocation mais huit de ses ministres ont été placés sous mandat de dépôt. Leur procès est prévu pour le 10 août 2021.
Dans son audio, IBK informe avoir rencontré Abibou Adéola Adam alias Owo-Lobè, dans une période où ses activités commerciales tournaient au ralenti. Il dit avoir décidé d’aller consulter l’empereur mondial de la fraternité Ogboni pour mieux comprendre ce qui se passait dans sa vie.
A l’en croire, de la consultation, il ressortait que c’est l’une de ses épouses qui serait à la base de ses difficultés. «Quelques semaines plus tard, il me prend comme secrétaire administratif dans ses bureaux, en juin 2020 », a-t-il confié.