Burkina Faso : enlèvement de l’ancien chef d’état-major de la gendarmerie, lieutenant-colonel Evrard Somda
Le lieutenant-colonel Evrard Somda a suivi sans résistance « des individus armés venus le chercher pour l’emmener vers une destination inconnue ».
L’ancien chef d’état-major de la gendarmerie du Burkina Faso, le lieutenant-colonel Evrard Somda, a été enlevé dimanche 14 janvier à son domicile de Ouagadougou par des « individus armés », a appris lundi l’AFP de sources proches de lui. « Il a été enlevé hier [dimanche] à son domicile par des individus armés : ils ont bouclé le quartier, encerclé son domicile avant de procéder à son arrestation », a déclaré une source sécuritaire proche de l’officier.
« On ne sait pas s’il s’agit d’une arrestation sur ordre des autorités militaires ou judiciaires, ou s’il s’agit d’un énième enlèvement », a pour sa part indiqué une autre source proche de l’ex-chef d’état-major de la gendarmerie, confirmant l’information. Cette même source a précisé qu’il n’avait opposé « aucune résistance » et avait « suivi les hommes venus le chercher pour l’emmener vers une destination inconnue ».
Limogé fin décembre après l’interpellation de quatre officiers, dont deux de ses anciens proches collaborateurs soupçonnés d’être impliqués dans un « complot contre la sûreté de l’Etat », que le régime militaire au pouvoir affirmait avoir déjoué, le lieutenant-colonel Evrard Somda ne quittait presque plus son domicile, selon ses proches.
Plusieurs cas d’enlèvements
Mi-décembre, il avait été auditionné par la justice militaire en qualité de témoin, dans le cadre de l’enquête ouverte pour le présumé « complot contre la sûreté de l’Etat », impliquant deux commandants d’unités spéciales de la gendarmerie, selon des sources judiciaires.
Un autre de ses proches, un influent homme d’affaires, Sansan Anselme Kambou, avait lui été enlevé mi-septembre par des agents du renseignement burkinabé. Début novembre, le tribunal administratif de Ouagadougou avait ordonné sa libération, une décision non encore exécutée, selon sa famille.
Plusieurs cas d’enlèvements ont été rapportés ces derniers mois par des sources locales à Ouagadougou. Fin décembre, Ablassé Ouédraogo, ancien ministre burkinabé des affaires étrangères et ex-directeur général adjoint de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), avait été enlevé par « des individus » disant appartenir à « la police nationale », selon son parti politique, Le Faso autrement.
Le Burkina Faso, dirigé par des militaires issus de deux coups d’Etat en 2022, est confronté depuis 2015 à des violences djihadistes attribuées à des mouvements armés affiliés à Al-Qaida et au groupe Etat islamique. Ces violences ont fait près de 20 000 morts et plus de 2 millions de déplacés internes.
Le Monde avec AFP