Corée du Sud : Lee Jae-myung, le chef de l’opposition, poignardé au cou
Un homme a agressé Lee Jae-myung ce mardi matin dans le sud du pays, dans la province où l’ancien candidat à la présidentielle, poursuivi pour corruption, effectue une tournée depuis deux jours.
Le chef du Parti démocrate de Corée du Sud et leader de l’opposition, Lee Jae-myung, a été poignardé au cou ce mardi, vers 10h30 (2h30 du matin, heure française), lors d’une visite sur l’île de Gadeok près de la ville portuaire de Busan, dans le sud-est du pays. Il a été hospitalisé en soins intensifs, a indiqué son parti.
L’attaque de l’agresseur, visible dans des séquences vidéo et des photos, s’est déroulée après que Lee avait visité le site d’un projet d’aéroport, et repartait vers les voitures en discutant avec des journalistes et des badauds Sur les vidéos, on voit un homme d’une soixantaine d’années et portant une couronne en papier avec le nom de Lee dessus, s’approcher du groupe pour demander à Lee un autographe. Et, alors que celui-ci parle toujours, se précipiter en avant et l’attaquer, bras tendu, avec un couteau d’au moins 20 cm. Sous le coup, Lee est repoussé dans la foule derrière lui. Il grimace et s’effondre au sol.
L’agresseur est rapidement maîtrisé par des hommes, dont des policiers, selon les images. Selon Jin Jeong-hwa, un partisan de Lee qui était présent sur les lieux et qui retransmettait l’événement en direct, plus de deux douzaines de policiers étaient présents au moment de l’agression.
Tandis que Lee était allongé au sol, les yeux fermés, des gens pressaient un mouchoir contre son cou. Le chef de l’opposition sud-coréenne a d’abord été transporté, conscient, à l’hôpital de Busan avant d’être emmené, vers 13 heures, en hélicoptère à l’hôpital universitaire de Séoul, la capitale, où il doit subir une intervention chirurgicale. Sa veine jugulaire aurait été touchée, selon un porte-parole de son parti, mais sa vie ne semble pas en danger. Il est hospitalisé en soins intensifs, a rapporté le parti.
Son agresseur a fait valoir son droit au silence, selon le quotidien Busan Ilbo qui affirme que la police nationale va mettre en place un « quartier général d’enquête » pour faire la lumière sur l’agression, les motivations de l’auteur et ses éventuels commanditaires.
Des accusations de corruption
Chef du Parti démocrate, Lee Jae-myung a perdu de peu contre le conservateur et actuel président sud-coréen, Yoon Suk Yeol, lors de l’élection présidentielle de 2022. Ancien ouvrier – il a commencé à travailler à 11 ans dans une fabrique de gants — devenu maire de Seongnam, près de Séoul, puis gouverneur de la province de Gyeonggi, la plus peuplée du pays et qui entoure Séoul, le candidat avait proposé des mesures originales, notamment un revenu universel minimum et des uniformes scolaires gratuits. Mais sa candidature à la présidentielle avait été ternie par une série de scandales.
En septembre 2023, Lee Jae-myung a évité l’arrestation après qu’un tribunal a rejeté une demande de placement en détention provisoire émanant du parquet dans l’attente de son procès pour diverses accusations de corruption. Il est soupçonné de corruption en lien avec une entreprise qui aurait illégalement transféré 8 millions de dollars vers la Corée du Nord.
Depuis le Nouvel An, Lee effectuait une tournée à Busan et dans la province du Gyeongsang du Sud où se trouve le tombeau de l’ex-président Roh Moo-hyun ainsi que la résidence du précédent président Moon Jae-in. Un déjeuner entre Lee et Moon était prévu aujourd’hui mais a été annulé à la suite de cette attaque.
La vie politique de Corée du Sud est marquée par les violences. La police est présente lors des événements majeurs, mais les dirigeants politiques ne bénéficient généralement pas d’une protection rapprochée.
Le prédécesseur de Lee, Song Young-gil, a été attaqué en 2022 lors d’un événement public par un agresseur qui lui a lancé un objet contondant sur la tête, provoquant une lacération. En 2015, Mark Lippert, alors ambassadeur des États-Unis en Corée du Sud, a été agressé par un agresseur alors qu’il assistait à un événement public, souffrant d’une large entaille au visage.
En 2006, Park Geun-hye, alors chef du parti d’opposition conservateur – il a ensuite présidé le pays — a été poignardée lors d’un événement. Son père, Park Chung-hee, qui a été président pendant 16 ans après avoir pris le pouvoir lors d’un coup d’État militaire, a été tué par balle par son chef des espions mécontent en 1979 lors d’un dîner privé arrosé.