Bénin : SBEE, Port de Cotonou… Ce qu’on ne nous dit pas sur le départ en catimini Des DG «Importés»
L’option de confier la gestion de certaines sociétés d’Etat à des expatriés avait été beaucoup critiquée. Pour toute réponse, des soutiens du régime de la Rupture avaient justifié le fait par la mauvaise gestion, devenue le sport favori dans ces sociétés dirigées par les nationaux. Le salut devrait alors venir d’ailleurs, avec des directeurs blancs à la tête des sociétés comme la Société béninoise d’énergie électrique (Sbee) et le Port autonome de Cotonou (Pac). Mais depuis quelques jours, des Dg de sociétés d’Etat venus d’ailleurs plient bagage, sur fond de malversations, par endroit.
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A la tête du Port Autonome de Cotonou depuis le 1er août 2018, Joris Albert Thys a annoncé, vendredi 29 septembre 2023, au cours de la cérémonie des couleurs, qu’il quitte ses fonctions, rapporte le média en ligne Crystal News. Le belge a justifié son départ par le fait qu’il fait désormais valoir ses droits à la retraite. Joris Albert Thys était venu remplacer à la tête du Port autonome de Cotonou son compatriote Christiaan De Block, suite au contrat qui lie le Port d’Anvers International (PAI) au Port de Cotonou depuis décembre 2017, et dont les termes ne sont connus que des deux parties.
Le départ de Joris Albert Thys coïncide-t-il avec la fin du contrat avec le Port d’Anvers International (PAI) ? Le cas échéant, doit-on s’attendre à ce que le PAI envoie un autre belge pour diriger le fleuron de l’économie béninoise ou, comme à la Sbee, c’est un national qui prendra les rênes ? Joris Albert Thys part à un moment où le port de Cotonou ne tourne pas à plein régime, à cause de la décision hasardeuse du Bénin de fermer ses frontières au Niger, en application des sanctions de la Cedeao, après la prise de pouvoir par la junte militaire.
Ces derniers jours, le Dg/Port s’est lancé dans une opération de charme en créant des concepts comme un concours de photographie et des Journées portes ouvertes. Tout ceci fait penser que la retraite n’est certainement pas la vraie raison du départ de Joris Albert Thys. Au Bénin, sous le régime Talon, des retraités continuent d’occuper des postes stratégiques au sein de certaines structures étatiques. Il y a anguille sous roche.
Sbee, le cas le plus parlant
Avant le départ du Dg/Pac, Joris Albert Thys, c’était l’ancien Dg/Sbee Gérard Zagrodnik qui a plié bagage. Le Canadien a été remplacé à la tête de l’entreprise sur décision du Conseil d’administration. Après un premier intérim assuré, dès le 3 juillet 2023, par Edwige Adohinzin Hountondji, le Conseil d’administration de la société distributrice de l’énergie électrique au Bénin a porté son choix, jeudi 3 août 2023, sur la personne de Gabriel Degbegni, ancien coordonnateur du MCA II.
Mais, c’est sur fond de scandale financier que le canadien Gérard Zagrodnik a quitté la tête de la Sbee. Début juin, une affaire de malversations éclabousse la Société béninoise d’énergie électrique. Le préjudice porte sur un montant de 800 millions FCFA qui aurait été découvert sous le lit de responsables de la Sbee. Les noms de la Personne responsable des marchés publics (Prmp) et de directeurs techniques de la Sbee ont été cités.
L’affaire est confiée à la Brigade économique et financière (Bef), des interpellations effectuées. A ceux qui s’étonnaient de l’absence au poste de Gérard Zagrodnik au moment où les faits de malversation sont dénoncés dans la presse, il était dit que Gérard Zagrodnik était en congé d’un mois et qu’il allait continuer de gérer la Sbee à distance. Plus les jours passent, le congé ne finit pas. C’est alors qu’un autre argument est servi. Le contrat de gestion du Groupe Manitoba Hydro International Ltd (MHI), dont Gérard Zagrodnik est le représentant, prend fin le 31 août 2023. Un argument qui, à son tour, ne passe pas, puisque c’est depuis le 3 juillet 2023 que Gérard Zagrodnik n’était plus le Dg/Sbee. Pourquoi n’a-t-on pas attendu la fin du contrat pour le remplacer ? Si la Sbee avait été bien gérée, pourquoi n’a-t-on pas renouvelé le contrat du Groupe Manitoba Hydro International Ltd (MHI) ?
Mais eu égard aux informations de malversations, le gouvernement de la Rupture pouvait-il, toute honte bue, venir dire à la place publique que la gestion des structures étatiques confiée aux expatriés n’est pas exempte de reproches ? d’où le flou qui entoure le départ de ces Dg « importés ». Y-a-t-il alors une chance que les vraies raisons de ces départs soient connues un jour ? Certainement pas. Parce que pour cela, il aurait fallu que les termes du contrat qui lie ces structures étrangères à l’Etat béninois soient divulgués.
TRIOMPHE MAG avec Matin Libre