Retraites : les sénateurs votent le report de l’âge légal à 64 ans
Après sept jours de débats et au lendemain d’une mobilisation massive dans toute la France contre la réforme du gouvernement, le Sénat a adopté ce mercredi soir l’article phare du texte, contenant le report de l’âge légal à la retraite.
Nœud de la controversée réforme des retraites, l’article 7 du projet de loi a été adopté ce jeudi, onze minutes après minuit, par la Chambre haute. Après sept jours de débats, les sénateurs – majoritairement à droite – ont donc voté, comme attendu, cet article clé repoussant l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans : 201 voix pour, 115 contre. «Vous espériez qu’on ne le vote pas, nous voterons» l’article 7, a lancé peu avant minuit le président du groupe LR Bruno Retailleau. Et le sénateur de la Vendée de s’en prendre aux oppositions de gauche, accusées d’obstruction : «Vous êtes en train de vous mélenchoniser ! Jamais nous n’accepterons que vous mélenchonisiez le Sénat !»
«Nous avons la conviction que nous sauvons notre système par répartition, s’était félicité peu avant lui le sénateur centriste Olivier Henno. Nous lui donnons un avenir.» La sénatrice socialiste Monique Lubin s’est adressée, elle, directement au ministre du Travail Olivier Dussopt, présent dans l’hémicycle : «Votre nom restera à jamais attaché à celui d’une réforme qui fera revenir presque 40 ans en arrière.»
Au Sénat, les débats autour du report de l’âge avaient repris ce mercredi après la séance de questions au gouvernement. Commencé la veille en fin de journée, après la mobilisation sociale à travers le pays, l’examen de l’article 7 a donné lieu à des passes d’armes musclées entre les groupes de gauche et la majorité sénatoriale. «Nous y sommes, au cœur de votre projet de loi déclaré irrecevable par notre peuple», avait lancé à l’ouverture des débats, mardi, la sénatrice communiste Cathy Apourceau-Poly.
«Vous ne pensez pas au calendrier des gens qui cochent les jours, avait abondé la sénatrice socialiste Laurence Rossignol. A chaque fois qu’on met des prénoms, qu’on cite des professions, ça vous gêne.» «A un moment, il va falloir l’assumer. Derrière [la réforme], ce n’est pas que des chiffres, des textes, c’est aussi des personnes», avait également dénoncé le président du groupe écologiste, Guillaume Gontard. La droite sénatoriale, favorable à la réforme, avait vanté de son côté un «article fondamental pour équilibrer notre système de retraites», dixit Philippe Mouiller (LR).
Les sénateurs socialistes, communistes et écologistes auraient aimé faire durer le débat sur cet article plus longtemps. Dans la nuit de mardi à mercredi, le président de la chambre qui siège au palais du Luxembourg, Gérard Larcher, a choisi, à la demande de la majorité de droite, d’accélérer les débats en recourant à l’article 38 du règlement intérieur. Les sénateurs de gauche ont fustigé ce mercredi «le coup de force» de la droite pour accélérer l’examen de la réforme des retraites. En conférence de presse, ils ont promis qu’ils ne «lâcheront rien» jusqu’à la fin des débats.
Dans la nuit de mardi à mercredi, ils avaient quitté l’hémicycle pour protester contre les «manœuvres», selon eux, de la majorité. «C’était la goutte d’eau, nous avons décidé de quitter l’hémicycle après des choses complètement irréalistes», a dénoncé Patrick Kanner, le chef de file des sénateurs socialistes. Après le vote de l’article 7, les sénateurs doivent encore examiner treize articles. Les débats sont ouverts jusqu’à dimanche, minuit.