Bénin : Nicéphore Soglo réagit à la vente des biens de Sébastien Ajavon, Yayi et Talon indexés
L’ancien président Nicéphore Soglo a réagi à la vente des biens de Sébastien Ajavon. Dans une lettre adressée à Boni Yayi et à Patrice Talon, le premier président de l’ère démocratique du Bénin, Nicéphore Dieudonné Soglo a exprimé son indignation face à la situation de l’ex roi de la volaille, Sébastien Ajavon
C’est à travers une lette adressée à Boni Yayi et Patrice Talon que Nicéphoe Soglo s’est prononcé sur la saisie suivi de la vente des biens de Sébastien Ajavon. Selon lui, ce “déferlement d’actes de provocation, d’humiliation et de sabotage à l’encontre de Sébastien Ajavon suscite de grandes interrogations auprès de lui”.
“Peut-être, qu’il existe une raison que le grand public ignore et qui justifie que tous les biens de l’homme d’affaires soient saisis ou détruits jusqu’à ses objets personnels et intimes vendus aux enchères comme s’il était déjà banni de la République. Même les pires criminels ont leur place dans la République après avoir purgé la juste peine à l’issue d’un procès équitable”, a écrit Nicéphore Soglo.
Une situation inconcevable ?
Il rappelle que sous le régime de Boni Yayi, Ajavon avait déjà subi une vague d’attaques de ses sbires. “En tant que Chef de l’État, vous ne vous êtes pas privé de l’invectiver sur la place publique. Il était comparé à un autre déclaré ‘’vertueux’’ par vos soins, alors même qu’il était le président du Conseil National du Patronat du Bénin. Après c’est le tour du régime de Monsieur Patrice Talon. Mais pourquoi tant de haine à son encontre ?”, a déploré Soglo, le père.
Messieurs les Présidents Boni YAYI et Patrice TALON vous devriez comprendre que ces agissements vindicatifs viennent heurter notre mode de vie et violent notre conscience tout simplement. Et, je me dois de vous en parler haut et fort pour susciter le débat public. Ce qui se passe actuellement sous votre régime, Monsieur Patrice Talon est inconcevable, vous qui aviez eu maille à partir avec les institutions, notamment la justice de notre pays dans un passé encore récent.
Rappel sur l’exil de Patrice Talon
Nicéphor Soglo pense que pour avoir été aussi en exil, Patrice Taon devrait mettre de l’eau dans son vin. “Et pourtant, vous avez pu conserver vos droits de citoyen Béninois au point de briguer la magistrature suprême. A cette époque, je suis personnellement intervenu auprès des autorités françaises pour vous éviter une extradition alors que votre tête était mise à prix ici même dans votre pays, le Bénin”.
Soglo évoque une vengeance personnelle
Dans sa lettre, Nicéphore Soglo dénonce une intolérance vis-à-vis de Sébastien Ajavon. “Le Bénin ne saurait être l’otage d’une vengeance personnelle ou d’une vendetta secrète. Si Monsieur Sébastien Ajavon, autrefois employeur de milliers de concitoyens béninois aujourd’hui au chômage, mérite vraiment le processus de bannissement actuellement en cours contre sa personne, ses proches et ses biens nous devons en parler sur la place publique et de façon contradictoire”, a-t-il proposé.
Pour lui, le Bénin étant un havre de paix pour ses fils et même pour les étrangers qui y vivent, toute tentative visant à mettre en péril notre vivre ensemble est à combattre avec la dernière énergie.
Partout, les États font leur possible pour protéger leurs opérateurs économiques en leur offrant les meilleures conditions pour leur permettre d’aller à la conquête du monde impitoyable du commerce international. C’est inadmissible que, pendant ce temps, chez nous au Bénin, être homme d’affaires devienne un boulet qui conduit à la déchéance. Et les pouvoirs publics sont mis à contribution pour cette hideuse besogne. J’en ai honte et je m’indigne.
C’est d’ailleurs pour cette raison que le premier président de l’ère démocratique du Bénin, Nicéphore Soglo invite Patrice Talon et Boni Yayi à s’expliquer sur la situation de Sébastien Ajavon.
Le gouvernement s’interdit tout commentaire
18 immeubles de Sébastien Ajavon sont mis en vente aux enchères. Mais cette décision relève d’une action judiciaire à laquelle n’est mêlé de près ou de loin le gouvernement béninois. C’est la clarification faite par le Porte-parole du gouvernement, Wilfried Léandre Houngbédji. « C’est une affaire de justice. Le gouvernement n’a pas de commentaire là-dessus », a-t-il indiqué.
En effet, la mise en vente aux enchères des biens immobiliers notamment les domiciles privés de Sébastien Ajavon situés dans plusieurs villes du Bénin et d’autres biens importants répond à une politique de redressement fiscale lancée par les autorités béninoises. Pour cause, Sébastien Ajavon est visé par une affaire de 169 milliards de francs CFA qui l’oppose au fisc du Bénin.
Retour sur la saisie des biens de Sébastien Ajavon
Pour rappel, la maison de l’homme d’affaires béninois Sébastien Bénin, sise dans la zone de l’aéroport de Cotonou, derrière Erevan, a été vidée de son contenu ce vendredi. Ce sont des déménageurs qui ont emporté du mobilier, des fauteuils, des tables dorées, ainsi qu’une berline de luxe noire chargée sur un camion.
Sécurisée sous escorte militaire et d’une équipe de policier en présence d’un huissier et des représentants de Sébastien Ajavon, la saisie des biens a été demandée par l’État béninois. Sébastien Ajavon a été condamné à cinq ans de prison et une amende de près de 160 milliards de francs CFA pour une fraude à la TVA et à 20 ans de prison pour une autre affaire de trafic international de drogue.
Le 22 mars dernier, la Cour suprême a ordonné la saisie de la maison de l’opérateur économique. En exil en France où il a obtenu un statut de réfugié politique, Sébastien Ajavon est toujours activement recherché. Son nom est en effet inscrit dans un fichier mis en ligne sur le site du ministère béninois de la Justice. Il est indiqué qu’un mandat d’arrêt a été émis à son encontre le 18 octobre 2018.