L’activiste ivoiriennne Pulchérie Gbalet, qui avait déjà été brièvement interpellée et retenue à son retour du Mali il y a trois semaines, a de nouveau été arrêtée le lundi 22 août 2022 à Abidjan. Elle est poursuivie pour des faits d’atteinte à l’ordre public, diffusion de fausses nouvelles dans l’affaire des 49 militaires ivoiriens arrêtés à l’aéroport de Bamako et déposés en prison.
Figure de la société civile ivoirienne, Pulchérie Gbalet n’est plus libre de ses mouvements. Interpellée le 3 août 2022 à son retour de Bamako (Mali) puis relâchée par la police, l’activiste ivoirienne est de nouveau mise aux arrêts le lundi et déférée au Parquet d’Abidjan, indique un communiqué du Procureur de la République d’Abidjan, Abou Richard Christophe qui a apporté des clarifications sur les raisons de son interpellation. Présidente de l’organisation Alternative citoyenne ivoirienne (Aci), Pulchérie Gbalet avait déjà été brièvement interpellée et retenue début août à son retour du Mali, dans un contexte de tension entre les deux pays voisins.
Elle y avait rencontré des responsables d’ONG, ainsi que des proches de la junte militaire au pouvoir depuis août 2020 dans ce pays. Elle a évoqué avec eux le sort de 49 soldats ivoiriens détenus à Bamako depuis le 10 juillet dernier. Quelques jours plus tard, l’activiste ivoirienne « se lançait dans une véritable campagne de dénigrement de l’action du président de la République et du gouvernement dans la gestion de la crise liée à la rétention de 49 de nos militaires au Mali », a confié le Procureur d’Adidjan dans son communiqué
La mise en cause « dénonçait, en outre, une prétendue escalade de la violence à l’endroit des populations maliennes vivant en Côte d’Ivoire ». Dans une vidéo en date du 16 août 2022, diffusée sur le réseau social Facebook, elle déclarait que « l’État de Côte d’Ivoire n’empruntait pas la bonne voie pour faire libérer les 49 soldats, mais choisissait plutôt « la voie de la violence verbale, autorisait en outre des manifestations qui visent à agresser des maliens », explique le Procurent de la République d’Abidjan.
«Entente avec les agents d’une puissance étrangère»
Dans le cadre de son activisme, Pulchérie Gbalet « a rencontré certains parents de soldats retenus au Mali en vue de les inciter à désavouer l’action gouvernementale. Elle a fait savoir que ses mandants et elle étaient à même de faire libérer ces 49 soldats » ivoiriens, a fait savoir le Procureur Abou Richard Christophe. C’est ainsi qu’elle a de nouveau été interpellée par la police ivoirienne lundi et déférée au Parquet d’Adidjan.
La justice reproche à l’activiste Pulchérie Gbalet des faits de « entente avec les agents d’une puissance étrangère de nature à nuire à la situation diplomatique de la Côte d’Ivoire, diffusion de fausses nouvelles de nature à attenter au moral des populations, atteinte à l’ordre public sur la base des articles 155, 179 et 183 du code pénal ».
Le Procureur de la République d’Abidjan précise qu’« une information judiciaire a été ouverte » à l’encontre de l’activiste Pulchérie Gbalet « et suit son cours ».