Bill et Melinda Gates: le sulfureux Jeffrey Epstein au coeur de leur divorce?
Melinda réclame le divorce et c’est un monde qui s’écroule. Le couple a beau tenter une communication apaisée, leur fondation, qui joue un rôle majeur dans la philanthropie, pourrait être menacée. Pire qu’une crise financière… une crise sentimentale dont l’explication tient peut-être en un nom sulfureux : Jeffrey Epstein.
Que s’est-il passé entre Bill et Melinda Gates ? Le lundi 3 mai, à 13 h 30, l’annonce sur leurs comptes Twitter fait l’effet d’une bombe : « Après une longue réflexion et beaucoup de travail sur notre couple, nous avons décidé de mettre fin à notre mariage. » Vingt-quatre minutes plus tard, le tribunal du comté de King, où le couple habite, dans l’État de Washington, enregistre la demande de divorce. Elle est déposée par Melinda : c’est donc elle l’initiatrice, même si le choix des mots et la contre-signature de Bill laissent penser qu’il s’agit d’une séparation à l’amiable. Dans le procès-verbal, on découvre que l’union est « brisée de manière irrémédiable » et que le couple vit déjà séparé, ce que tout le monde ignorait. Aucun motif précis n’est donné. On apprendra au bout de six jours, dans le « Wall Street Journal », que Melinda songeait en réalité au divorce depuis… 2019 ! Elle aurait consulté ses avocats après avoir découvert, dans une enquête du « New York Times » datée du 12 octobre 2019, que son mari entretenait des liens bien plus étroits qu’il ne l’avait admis avec Jeffrey Epstein, le financier pédocriminel retrouvé pendu dans sa cellule de Manhattan deux mois plus tôt. Inacceptable pour elle, qui fait de la cause des jeunes filles dans le monde l’une de ses priorités…
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Comme il semble loin, le temps où Melinda encensait son mari ! C’était il y a deux ans, une éternité. « Je ne serais jamais tombée amoureuse de lui s’il n’avait pas eu un cœur énorme », nous jurait-elle. Elle nous révélait aussi le secret de la longévité de son couple : « Le respect et la parité entre époux. » Il y a des ruptures que l’on voit venir. Celle-là n’en fait pas partie. Qu’est-il arrivé ? Leur mariage semblait tenir du conte de fées. Amour, dollars et bons sentiments… Bill et Melinda se sont rencontrés en 1987. Elle a 23 ans, il en a 32. Elle vient tout juste d’être embauchée chez Microsoft. Née à Dallas (Texas), dans une famille de la classe moyenne, excellente élève, elle est fascinée par les ordinateurs et le business…
Bill, lui, est déjà une star. Un génie, même. Son ami Bernie Noe affirme qu’il est capable de « lire et mémoriser 150 pages par heure » ! Enfant, il explique à sa mère qu’il « réfléchit » alors qu’elle tente à l’heure du dîner de l’extraire de sa tanière, au sous-sol de la maison. Elle décide de l’envoyer chez un psy pour le faire rentrer dans le rang. En vain. « Inutile de vous battre contre lui, il gagnera », conclut le thérapeute.
La mère laisse tomber et ne tente pas de le dissuader quand, à 19 ans, il décide de lâcher Harvard pour fonder Microsoft. Une légende naît, mais Bill Gates n’en reste pas moins un homme. À 29 ans, il tombe amoureux d’une « geek » dénommée Ann Winblad, son double au féminin. C’est à la fois une ingénieure de talent et une créatrice d’entreprise qui réussit. Seul problème : Ann, qui a cinq ans de plus que lui, veut se marier. Il n’est pas prêt. En 1987, le voilà seul. Un cœur à prendre.
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Bill et Melinda se sont découvert un point commun : l’idéalisme.
Le destin frappe à la porte un soir où, à Manhattan, Bill et Melinda se retrouvent par hasard l’un à côté de l’autre dans une réception. Bill la trouve tout à fait à son goût, engage la conversation, puis… disparaît. Il faut une rencontre fortuite sur un parking de Microsoft pour que les deux reprennent contact. Cette fois, il se lance et l’invite à sortir un soir… deux semaines plus tard. Elle éclate de rire. Pas très spontané, ce plan : « Propose-moi une date plus proche », lance-t-elle en lui donnant son numéro de téléphone.
Deux heures plus tard, il l’appelle et l’invite le soir même. Ils découvrent qu’ils ont plein de centres d’intérêt en commun. Voilà une bonne candidate au poste de Mme Bill Gates, se dit-il alors. Il consulte Ann, son ex, qui approuve. Banco pour Melinda. Bill n’est pas pressé. Elle sait être patiente. Le mariage a lieu sept ans plus tard, le 1er janvier 1994, lors d’une cérémonie intime à Hawaii. Avec une condition au contrat : que Bill puisse continuer à voir Ann, son ex, et partir en week-end une fois par an avec elle… C’est une des bizarreries de ce mariage hors norme, dont Bill se vante imprudemment en 1997, au détour d’un portrait du magazine « Time » ressorti de l’oubli, à l’annonce du divorce.
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Le couple s’installe dans la maison de 6 000 mètres carrés, sur le lac Washington, dont il a commencé la construction avant le mariage. Un rêve de célibataire, évalué à près de 130 millions de dollars. Melinda déteste cette bâtisse, bien trop grande à son goût, que tout le monde appelle « Xanadu 2.0 ». Elle embauche un architecte pour en modifier certains aspects trop délirants, puis finit par s’y faire, à contrecœur… Jennifer, la fille aînée du couple, naît en 1996. Melinda, qui dirige alors une division de Microsoft, décide de devenir mère au foyer. « Tu es sûre ? » demande Bill, sidéré. Oui, Melinda veut se consacrer à l’éducation des enfants, qui, de l’avis général à Seattle, sera exemplaire.
La saga Gates continue, mais elle prend un tour humanitaire. Un an avant d’être mariés, lors d’un voyage en Afrique où ils ont été confrontés pour la première fois à la pauvreté de près, Bill et Melinda se sont découvert un point commun : l’idéalisme. Ils ne veulent pas être un couple de milliardaires comme les autres. À Seattle, ils brillent par leur modestie. Au Seattle Tennis Club, un lieu chic où le gratin de la ville se retrouve sur les bords du lac Washington, c’est à peine si l’on remarque Melinda quand elle débarque. On veut augmenter ses impôts pour aider les pauvres ? Elle applaudit, Bill aussi. Il investit à tour de bras, devient le plus grand propriétaire foncier des États-Unis, collectionne les voitures de sport, s’offre un jet privé, une œuvre de Léonard de Vinci. Mais, au fond, il a tellement d’argent – 130 milliards de dollars au dernier pointage – qu’il ne sait pas quoi en faire. Alors, en 2000, il crée la Bill and Melinda Gates Foundation qui, à terme, recueillera l’essentiel de leur fortune (les enfants n’hériteront, dit-on, que de 10 millions de dollars chacun).
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Aujourd’hui, nul n’a envie de détruire le mythe : Bill Gates demeure un milliardaire « humaniste » qui veut sauver le monde, autant dire une rareté.
Melinda, accaparée par la famille qui s’agrandit (avec un fils, Rory, et une fille, Phoebe, nés respectivement en 1999 et 2002), accompagne le projet. En 2005, elle est nommée « Person of the Year » (personnalité de l’année) par le magazine « Time », avec Bill et Bono, le leader de U2, pour son engagement caritatif, un thème novateur à l’époque. En 2012, les enfants ont grandi et elle réclame plus de responsabilités au sein de la fondation, notamment dans la rédaction de la lettre annuelle. Bill s’y oppose. La lettre, c’est sa chose. « J’ai cru que nous allions nous entre-tuer. Je songeais : “Bon, c’est peut-être ici que s’achève notre mariage” », écrit-elle dans son livre autobiographique, « Prendre son envol », paru en 2019 (éd. Michel Lafon). Mais elle finit par avoir gain de cause. Depuis, la lettre est cosignée Bill et Melinda. Bill le sait : quand elle apparaît à ses côtés, tous les regards se tournent vers lui, pas sur elle. Du coup, elle qui déteste la lumière multiplie les interviews, comme en 2017, quand elle nous reçoit juste avant que François Hollande ne les décore l’un et l’autre de la Légion d’honneur.
Le couple semble s’être distribué les tâches. À lui, les sujets scientifiques, les virus, les maladies et les pandémies ; à elle, la lutte contre les inégalités sociales et la défense des femmes dans la société. Le duo semble fonctionner à merveille. Mais tout bascule en 2019 à cause de Jeffrey Epstein, que Bill a connu huit ans plus tôt par l’intermédiaire du conseiller scientifique de sa fondation, un certain Boris Nikolic. Epstein a alors déjà purgé sa peine de prison pour proxénétisme sur mineure, mais ça n’a pas gêné plus que ça Bill.
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Il envisage encore très sérieusement de monter un fonds d’investissement avec lui pour aider les systèmes de santé dans les pays pauvres. Sauf que lorsque Melinda rencontre à son tour Epstein, en septembre 2013, elle déteste le personnage et devine que celui-ci, en mal de réhabilitation, manipule son mari. Elle lui demande de couper les ponts, ce que Bill fait. Vexé et furieux, Epstein s’en souvient du fond de sa prison, après son arrestation en juillet 2019. Deux jours avant de se donner la mort, le 10 août 2019, il modifie son testament et prend pour exécuteur testamentaire Boris Nikolic, l’ami commun qui a fait les présentations, et qui tombe des nues. Selon nos informations, il s’agirait là d’une ultime vengeance de Jeffrey Epstein, qui aurait voulu, dans sa disgrâce, éclabousser Bill Gates via ce proche.
Aujourd’hui, nul n’a envie de détruire le mythe : Bill Gates demeure un milliardaire « humaniste » qui veut sauver le monde, autant dire une rareté. Les rumeurs les plus folles circulent sur son compte. Certains évoquent, sans preuve, des accusations de harcèlement sexuel qui auraient fait l’objet d’un arrangement à l’amiable, avec un gros chèque à la clé, ce qu’il a formellement contesté. Les tabloïds s’en donnent à cœur joie.
Seule certitude : vu le nombre d’avocats et la cohorte de conseillers en relations publiques qu’ils ont embauchés pour traverser l’épreuve, Bill et Melinda, qui, paraît-il, visent le prix Nobel, n’ont aucune envie de laver leur linge sale en public. Pas sûr qu’ils y parviennent.
Olivier O’Mahony pour parismatch